La fuite [Frodon attendu]

La nuit était tombée sur la Comté. La lune était en partie cachée par d'épais nuage ; cela rendait l'atmosphère lugubre. Le navire n'était amarré pour passer la nuit. A son bord, très peu de matelots patrouillaient. De toute façon, que pourraient-ils craindre ? Le seul passager suspect à bord était un hobbit - et encore, il n'avait rien de suspect vu qu'ils se trouvaient en Comté ! Et le hobbit en question était solidement ligoté. Il ne représentait pas le moindre danger aux yeux des gardes. Son compagnon était le protégé de Grima, donc hors de question de s'en prendre à lui. D'ailleurs, ils en avaient un peu marre de patrouiller sur le bateau chaque nuit. Ils s'étaient donc arrangés en secret pour rendre leurs rondes les plus courtes possibles.

Et cela, Vynean l'avait remarqué. Pendant toute une journée et toute une nuit, il avait suivi les allées et venues des marins. A présent, il savait exactement à quel moment personne ne serait susceptible de les surveiller.
Et ce moment était arrivé.
Silencieux, le jeune homme se leva et fit signe à son nouvel ami de l'imiter. A pas de loups, les deux compagnons se dirigèrent le côté opposé du navire, où se trouvait un canot. Vynean fit signe à Frodon de le préparer, pendant que lui-même irait chercher discrètement quelques provisions, mais surtout leurs armes, qu'on leur avait confisquées. Il trouva sans peines ses propres affaires, mais dut fouiller un peu plus pour trouver celles du hobbit, et manqua de réveiller un matelot endormi. Il revint ensuite sur le pont et rejoignit Frodon.

Frodon sursauta en entendant des bruits de pas sur le pont dans son dos. Se retournant précipitemment, adossé au rebord du canot, il soupira de soulagement lorsqu'il aperçut le visage de Vynean à la lueur de la lune. Achevant de préparer le canot, il ménagea une place à son compagnon, qui vint s'asseoir, déposant son paquetage et l'aidant à mettre le plus discrètement possible le canot à l'eau.

Lorsque le canot percuta la surface de l'eau, Frodon eut l'impression que le ciel lui-même se mettait à tonner pour leur barrer le chemin de la liberté. Mais, après quelques instants d'écoute, seul le silence nocturne leur répondit. Satisfait, le semi-homme se hâta néanmoins de prendre les rames, et se mit à pagayer vers le rivage, lentement au début à cause des difficultés à manoeuvrer, puis plus efficacement. Bientôt, à mi-chemin de la côte, il se sentit fatigué, et, fourbu, laissa avec un sourire reconnaissant Vynean prendre les rames et les conduire vers la terre ferme.

Une fois à terre, direction le Gondor, en admettant qu'ils trouvent par où aller... et comment.

Bon, ils avaient réussi à s'échapper... C'était un bon début, mais comment allaient-ils se débrouiller pour la suite ? Vynean n'avait pas la moindre idée de la géographie de la Comté. Tout ce qu'il savait, c'était que le Gondor se trouvait au Sud. Mais comment trouver le sud en pleine nuit ? Ils devraient donc attendre le matin pour se mettre en route. Mais ensuite ? Ils n'allaient tout de même pas marcher jusque là ! Cela leur prendrait certainement des mois. Le moyen le plus simple serait de s'y rendre en bateau. Cependant, Grima allait sans doute se rendre compte de leur disparition et se lancer à leurs trousses. Les deux fuyards devraient donc descendre vers le Sud pendant un certain temps avant d'embarquer.

S'apercevant que Frodon somnolait, le jeune prince décida d'attendre le lendemain avant de lui demander son avis quant au chemin à suivre. En attendant, ils devaient trouver un abri pour la nuit.

Ils débarquèrent non lui d'un petit bois, qui leur aurait certainement paru sympathique dans d'autres circonstances. Les deux compagnons y pénétrèrent et s'aménagèrent un petit espace confortable dans une clairière. Ils étaient suffisamment loin du navire pour qu'on ne les remarque pas. Par prudence, Vynean ne fit pas de feu, mais garda son épée à portée de main. Heureusement, il n'y eut aucun incident pendant leur repos.

Ils se réveillèrent le lendemain, tard dans la matinée. Ils avaient dormi longtemps pour se réveiller en pleine forme. Ils prirent un rapide déjeuner puis se remirent en route, direction le Sud. Cette fois, Vynean n'eut aucun mal à s'orienter, grâce au soleil. En route, il questionna son ami sur la route à suivre.

"Si vous, les hobbits, êtes originaires de ce pays, vous devez certainement bien le connaître. J'aurai donc besoin de tes informations pour nous sortir de là. Je me rends au Gondor, et je pense qu'il vaut mieux s'y rendre en bateau. Connais-tu un port sûr dans le coin, ou quelque part au Sud ? A propos, je ne sais toujours pas ce que tu as décidé : vas-tu me suivre, ou rester en Comté, chez toi ? Tu as certainement de la famille."

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