Rencontrer des Elfes (Krome attendu)

Etait-ce le fait de vivre avec des Elfes qui rendaient les gens si bizarres ? kentarione était en Lorien depuis une journée seulement et elle avait eu les plus grandes surprises de sa vie. Tout ça à cause de Shirna - encore. Et comme si une seule personne complètement dingue ne suffisait pas, il fallait que Krome perde les pédales lui aussi ! Elle qui pensait avoir enfin rencontré quelqu'un de "normal"... En même temps, elle le comprenait : qui n'aurait pas agi de cette façon avec la Dame ? Mais de là à vouloir mourir... cela devait être l'influence de Shinra. A coup sûr.

Poussant un long soupir, la jeune femme reprit le bras de Krome et le tira de nouveau hors du palais. Dans son état, il serait certainement incappable de faire tout le trajet à pied, alors elle donna quelques pièces à un paysan en échange d'une charette. Ainsi, ils purent se reposer et admirer le paysage.

"Je n'aurais jamais cru qu'un homme puisse agir de cette façon, dit-elle d'une voix neutre. Elle aurait voulu dire "aussi bêtement", mais mieux valait ne pas vexer Krome encore une fois. En tant que capitaine corsaire, je vis constamment avec des hommes et je peux vous assurer qu'aucun n'a eu de réaction pareille. Il y en a bien un qui a voulu se jeter par-dessus bord, désespéré que je ne cède pas à ses avances, mais bon... Vous êtes un cas à part, quand même. Que comptez-vous faire, maintenant ?"

- Ce n'est pas la peine de vous faire des avances alors, dit-il en riant. Il est vrai que les hommes du sud sont un peu moins "sensible" que moi. Ma réaction était stupide, mais j'ai vécu tellement de choses horribles, que je ne recherche plus que la paix et l'amour dans ce monde. Un exemple, l'ours qui m'a attaqué et qui m'a arraché la peau du dos. J'ai encore les cicatrices de ses griffes. Ou encore les gondoriens qui se sont amuser à me torturer alors que j'avais à peine la force de ramper...

Quel honte quand meme: un capitaine d'unité de surveillance au service de la toute puissante reine de Lorien devant se déplacer dans une vulgaire charette. Krome soupira longuement puis indiqua le chemin de sa demeure à Kentarione.

- Voulez-vous rester un peu avec moi? Shinra et Amayelle doivent être encore occupé.

Quelques minutes plus tard, Ils s'arreterent devant une construction qui ressemblait plus à un grand manoir qu'à une cabane de jardin. Il prit le temps de descendre en prenant soin de ne pas se faire mal. Il se plaça devant la porte et avec son bras valide la poussa.

Quel était donc cet étrange édifice, qui tranchait avec l'architecture elfique de le forêt ? Ce devait sans doute être la maison de Krome. Ainsi, il n'avait pas su s'adapter - ou n'avait pas voulu. Curieuse de voir à quoi ressemblait l'intérieur, elle entra à sa suite. Elle était vaste, de l'extérieur comme de l'intérieur. La décoration n'avait elle non plus rien à voir avec celle que l'on rencontrait d'habitude chez les Elfes. Krome était-il un grand nostalgique ?

Elle le suivit dans le manoir. Il la conduisit dans une sorte de salon où tous les deux s'assirent. L'endroit était plutôt joli, reconnut la jeune fille, et douillet. Elle y prendrait volontier le thé. Mais quelque chose la tracassait.

"Je ne veux pas vous paraître impolie, mais... que voulez-vous exactement en m'emmenant dans votre maison ?"

"Comment ça ce que tu veux d'elle? Tu lui a fais croire que tu l'aimait bien abruti, voila ce qui arrive maintenant. "

-Je ne comprends pas. Je ne veux rien de vous, juste ne pas rester seul aujourd'hui. Je veux oublier la journée d'hier.

Il alla chercher un jarre d'eau qu'il posa sur la table qui se trouvait dans la pièce, juste en face de Kentarione et un verre fait d'un métal argenté.

- Buvez si vous voulez, me tirer a du vous fatiguer.

Il s'asseya à coté d'elle, lentement pour ne pas se faire mal à la jambe.

- Parlez-moi du Harad, quelle sont les nouvelles du sud?

Il attendait des réponses avec impatience. Le sud lui manquait, plus que jamais et même malgré le fait qu'il ait été chassé. Il n'avait plus vu les dunes de sables géantes depuis cette nuit d'hiver étouffante... oui cette nuit ou le sang a coulé plus que ce qu'il fallait. Cette nuit ou la chair s'est fait transpercé par l'acier et ou les cris ont croisés les couloirs résonnant du palais de Suladan..

"Ainsi votre pays vous manque ? Je m'en doutais un peu, vu la manière donc vous avez décoré votre manoir. En ce qui concerne les nouvelles... je suis corsaire, donc je ne vous apprendrai pas grand-chose en ce qui concerne le centre d'Umbar. En revanche, j'ai une information intéressante. Il y a quelques temps, le général Dalamyr - je me demande toujours d'où il tient son titre - a attaqué Dol Armoth et fait prisonnier leur chef, un très jeune homme du nom de... Vynean, si je me souviens bien ?"

Evidemment qu'elle s'en souvenait de son nom, mais elle préférait que Krome n'en sache pas trop sur ses motivations et ses intérêts. Elle continua donc à faire comme si de rien n'était.

"C'est là que ça devient intéressant. Un Elfe qui ne m'inspire, mais alors là pas du tout confiance, a kidnappé le captif du Daska - encore un autre pirate idiot - pour l'offrir à son maître. Je crois qu'il s'agit d'un certain Grima. J'étais la seule à avoir essayé de le récupérer et évidemment, ça a raté."

De nouveau, elle n'allait pas avouer qu'elle s'était fait battre à plate couture par quelqu'un - fût il un Elfe colossal.

Je ne sais pas grand chose du Harad, par contre. Et vous, avez-vous quelque chose d'intéressant à me raconter avant que nous rentrions voir Shinra ?"

- J'étais assassin pour Suladan en personne... Lors d'un attentat en Harad envers un chef gondorien qui venait pour négocier la paix sur certaines terres avec Suladan, il m'a envoyé pour le tuer chez lui. J'ai du m'enfuir et mon frère s'est fait capturé. Kyros, le prisonnier Antar vous connaissez peut-être cette histoire.

"Kyros, pourquoi est-ce que tu t'es fais capturé à ma place idiot ?"

- Allez-vous retourner en Harad après votre visite ici ?

Il devait savoir. Kyros était resté bien trop de temps en prison. Il fallait le libérer le plus tôt possible quitte à y rester. Il avait payé pour son frère et ses actes et ça lui avait couté la liberté.

Kentarione fut particulièrement touchée par ce soudain aveu. Pourquoi s'ouvrit-il à elle, alors que rien ne l'obligeait ? Leurs familles n'étaient pas si différentes, finalement : dans chacune, le frère avait posé des problèmes ! Shinra l'avait aimé et voulait le venger ; Krome voulait le sauver. Bon, la dernière histoire était plus honorable, c'était vrai. La jeune femme avait entendu des rumeurs à propos d'un homme qui avait tenté d'assassiner un Gondorien. Dans la rue, les gens louaient son courage et sa volonté de fer. Ella aurait bien aimé le rencontrer un jour...

"Vous plaisantez ? Bien sûr que j'en ai entendu parler ! C'est un héros ! C'est votre frère ? Mais c'est fantastique ! Et si, vous, Shinra et moi allions le délivrer ? Je suis certaine que ma soeur trouvera des responsables de la mort de Valiendo en Harad ; elle acceptera forcément. Qu'en dites-vous ?"

- Quitter la Lorien?

Il hésita quelques secondes et son visage montrait de l'inquiétude. Rien que le fait de penser qu'il ne verrait plus la femme qu'il aimait le fit paniquer intérieurement mais il devait le faire... pour son frère... pour libérer un "héros" de son pays... pour avoir la conscience tranquille et se faire des amis pour une fois.

- Ne plus voir la Dame? Votre requete, je dois y réfléchir, je ne sais pas si je peux faire ça.

Il pourrait partir, il y gagnerait. Il pourrait revoir le désert, sauver son frère et partir un peu de Lorien... quelques jours seulement, son départ ne serait pas définitif. Juste le temps de faire tout ça et de rentrer. Mais sans son frère, il resterait en Harad. Il créerait bien trop d'ennui à Krome ici. Et la Dame n'accepterait pas de loger un fou allié comme Kyros.

Il regarda Kentarione.

- J'accepte... (Krome marqua un temps puis reprit) mais je reviendrai ici après notre voyage.

Kentarione poussa un grand cri de victoire et sauta du divan sur lequel elle était assise. Une telle démonstration de joie ne lui ressemblait guère. D'ailleurs, elle ignorait pourquoi elle faisait cela. Etait-elle heureuse de revoir son pays ? De rencontrer un héros ? De s'être fait un ami ? Ou était-ce encore le voyage qui l'excitait à ce point ? Tant pis, elle s'en fichait. L'aventure était là !

"Génial ! Allons annoncer cela à Shinra !"

Elle le prit par la main et ils sortirent ensemble du manoir. Krome boitait un peu moins, mais une telle course était encore impossible pour lui, alors la jeune femme reprit leur charette. Ils arrivèrent en peu de temps à l'endroit où ils avaient laissé Shinra et Amayelle. Justement, les deux femmes sortaient d'une petite cabane. Kentarione se précipita vers sa petite soeur pour lui annoncer la bonne nouvelle, un large sourire sur le visage. Soudain, elle s'arrêta net. Quelque chose clochait. Kentarione ne trouva d'abord pas quoi. Et puis elle comprit ce qui l'avait choquée.

Shinra pleurait.

Ca y est. Elle l'avait fait. A présent, une page de son histoire était tournée. C'est fini, Shinra, c'est fini... Ne pleure pas. C'est indigne de toi, tu n'as jamais pleuré que pour Valiendo. Mais n'est-ce pas en partie à cause de lui que je pleure ? J'ai raison, c'est légitime. N'importe qui pleurerait dans cette situation. J'espérais que je me sentirais mieux après, et pourtant... j'ai l'impression que c'est pire.

Elle entendit quelqu'un crier. Soudain, Kentarione la percuta violemment. Shinra sentit ses genoux se dérober sous elle et s'étala à terre. Sa soeur l'atrappa avant qu'elle ne touche le sol et la serra contre elle. C'était étrange comme sentation, agréable. Kentarione était pleine de chaleur et l'enveloppait entièrement à cause de sa grande taille. Encore une fois, Shinra eut envie de pleurer. Mais elle s'en empêcha. Certaines choses ont plus d'importance que d'autre.

Au bout de plusieurs minutes, elle se releva et regarda Amayelle.

"Notre accord est scellé. Le sort en est jeté. Adieu, Amayelle. N'oubliez pas la lettre, d'accord ?"

L'Elfe acquiesça discrètement. Puis Shinra se tourna vers Kentarione et Krome qui la regardaient avec étonnement, se demandant sans doute de quoi il s'agissait.

"Un jour, vous comprendrez tout. Je vous le promets. Je ne serai peut-être plus là. Mais s'il vous plait : ne me haïssez pas. Je... c'est la seule chose qui m'a persuadée de continuer encore un peu..."

"Eh en avant pour la charette de paysan encore une fois. J'y crois pas, qu'est-ce qui lui prend tout à coup ? Je savais pas que ça la rendrait si heureuse. C'est encore ta faute. Tais-toi."

Ils arrivèrent à leur point de départ. A peine arrivé, Kentarione sauta au cou de Shinra pour l'embrasser. Krome fut surpris par cette soudaine poussée de joie qui envahit Kentarione. Jusqu'a maintenant, il l'avait vu un peu froide et distante, comme tous les haradrims et voila que maintenant elle faisait un calin à sa soeur ?! "Je croyais qu'elle ne m'aimait pas. J'ai du me tromper. J'ai fais tellement d'erreurs ces jours, ça ne m'étonnes pas."

- Alors, dites-lui. Ne me faites pas languir.

Intriguée par les paroles de sa soeur, Kentarione ne réagit pas tout de suite à la remarque de Krome. Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Qu'est-ce qui aurait bien pu persuader Shinra de continuer ? A part Valiendo...

Elle laissa momentanément ces questionnements de côté.

"Le frère de Krome est emprisonné en Harad. Je sais que tu as ta vengeance à faire, mais je suis persuadée que le général dont tu m'as parlé se trouve là-bas - d'après ce que j'ai entendu dire. Alors, j'ai dit à Krome que nous l'accompagnerions pour délivrer son frère. Alors, qu'en dis-tu ?"

En fait, elle n'avait pas la moindre idée d'où se trouvait actuellement ce général. Mais la propobalité qu'il se trouve au Harad était tout de même forte. Autant prendre le risque. De plus, elle insista beaucoup sur le mot frère. Shinra ne pouvait pas se montrer insensible. Pas cette fois...

Pourquoi lui demandait-elle cela maintenant ? Elle ne voyait pas qu'elle était préoccupée par autre chose ? Shinra aurait voulu la frapper. Ainsi, sa démonstration d'affection n'était que de la comédie ? Elle voulait simplement faire bonne impression et la convaincre d'accepter la proposition ? Pourquoi accepterait-elle, d'ailleurs ? Après tout, elle ne connaissait pas Krome ni son frère et n'avait aucune raison de leur faire plaisir. Cependant, Kentarione avait su trouver les arguments essentiels pour la convaincre. Le prisonnier se trouvait exactement au même endroit que son ennemi - et puis le Harad et Umbar étaient ses destinations.

Mais ce n'était pas cela qui avait attiré son attention. Finalement, Kentarione était plus maligne qu'elle en avait l'air. Jamais on ne l'aurait soupçonnée de manipuler les gens en jouant avec leurs sentiments... Et pourtant. Shinra l'avait bien entendue insister sur le mot "frère". Comme elle avait su profiter de sa faiblesse... Tu as perdu ton frère, tu en as as souffert, tu ne voudrais quand même pas que ça arrive à quelqu'un, n'est-ce pas ? Le message était clair. Mais tu as oublié un chose, Kentarione : Valiendo était bien plus qu'un frère pour moi. Or, je doute que ce soit le cas de Krome... Mais je dois reconnaître que ta proposition est intéressante. J'ai à la fois des raisons de refuser et d'accepter...

"Franchement... cela me plairait de dire non, juste pour t'embêter. Mais... bon j'accepte. Ne prends surtout pas cela comme une petite victoire personnelle, je ne fais pas ça pour toi ou pour Krome. C'est parce que c'est sur le chemin. C'est tout."

Alors, c'est qui la plus maligne de nous deux à présent ? Et quand tout cela sera fini, nous irons chercher MON prisonnier à MOI ! Oui, je pense que je mérite cela. Le petit Vynean était mon captif, alors vous allez m'aider à le récupérer. Sinon...

Kentarione se força à ne pas trop sourire : sa soeur aurait tout de suite changé d'avis. Elle n'avait déjà pas l'air très contente de ce changement de programme... Krome, en revanche, semblait ravi et rayonnait de joie. Il s'en fallut de peu pour qu'il ne les serre pas dans ses bras.

"Bon, ben je ne vois pas ce qu'on fait encore ici. Krome, je propose que l'on parte aujourd'hui même, qu'en pensez-vous ?"

- Vous m'en demandez un peu trop en une fois Kentarione. Mais bon, vous m'avez motivé d'un coup, je suis pret à aller jusqu'en mordor s'il le faut. Mais espérons que je n'aurais jamais à le faire.

Le capitaine dut se retenir de ne pas serrer Kentarione dans ces bras. Elle vait convaincu Shinra, ce qui semblait assez dur à faire. Cependant, très vite il comprit le coté obscur de ce plan: il ne verrait plus la dame... Il se leva, en ayant assez d'être assis dans cette charette de pouilleux. Son bandage au bras partait en lambeau. Sa blessure avait l'air de ne pas être trop importante. Il n'avait rien de casser, contrairement à ce qu'il pensait. Il s'en remettrait facilement seulement il ignorait si sa blessure à la jambe guérirait vite aussi.

- Je me trouverai une monture, avec la jambe dans cet état, je n'irais pas loin à pied. Nous partirons dans quelques heures.

Ses mots le poignardaient. Quitter la Lorien aussi vite, aussi soudainement, cela ne ressemblait pas à Krome. Il se demandait ce qui lui prenait d'un coup. "Je ne peux pas partir comme ça, Ma dame vous le savez, ne me laissez pas quitter ces bois." Trop tard, il leur avait dis qu'il partirait aujourd'hui même.

"Très bien ! Allez faire vos derniers préparatifs, on vous attend toutes les deux à la sortie de la ville !"

Kentarione prit sa soeur par le bras et l'entraîna avec elle. Elle la conduisant dans une petite taverne qu'elle avait découverte la veille. Les deux femmes ne burent pas beaucoup, car elles avaient un long voyage devant elles et il valait mieux ne pas sa saoûler dans ce cas-la. Shinra ne parla pas ; son regard était vide. Kentarione, trouvant l'atmosphère trop pesante, la laissa pour tenter de plainsanter avec des Elfes, guère bavards non plus. Excédée, elle partit, tirant encore sa soeur derrière elle. Elle n'avait même pas réussi à lui faire dire ce qu'elle avait fait pendant tout ce temps avec Amayelle, ni ce dont elle parlait si mystérieusement.

Elles arrivèrent à l'avance au point de rendez-vous et attendirent Krome en silence. L'allégresse avait totalement disparu à présent. Heureusement qu'un troisième compagnon viendrait avec elles, sinon le voyage aurait été extrêmement ennuyeux !

"Mais qu'est-ce qui te prend Krome Antar hein? Ou est passé ta dévotion pour la dame? ta peur de sa mort? ton amour envers elle?" "J'espère que je
reviendrai, je reviendrai, je dois revenir..." C'est vrai, il n'était pas obligé
de quitter pour toujours sa deuxième terre natale, il reviendrait une fois Kyros libéré et tout serait parfait. Parfait ? non. L'ombre ne cesserait de
s'accroitre sur les terres du milieu mais ce serait un début... Il s'en alla en silence, boitant d'arbre en arbre. Il se demandait ce qu'était devenu son frère? Etait-il mort? S'était-il assagi depuis leur dernière soirée ensemble? Surement pas, Kyros est bien excité et bien trop impulsif pour faire preuve de sagesse. Jadis il aurait pu se calmer mas maintenant il était bien trop tard, trop tard pour revenir en arrière. Ce qui est fait est fait, le mal ne peut être réparé. "De toute façon, la capture de Kyros n'a pas servi à rien, ce fumier de gondorien est mort."

Il arriva devant sa porte et attendit quelques secondes avant d'entrer. Il monta les escaliers qui menait vers le premier étage d'un pas hatif et attrapa un bagage en cuir noir. La première chose qu'il y plaça fut les vêtements d'assassins qu'il avait quand il arriva pour la première fois en Lorien. Les elfes les avaient recousus avec finesse et avaient réussis à les réparer parfaitement. Ensuite, il enfila vite quelques broutilles à l'intérieur avant de dévaler les escaliers. Avant de fermer la porte, il jeta un bref coup d'oeil à l'intérieur, afin de graver dans sa mémoire le lieu.

"Prochaine étape: la plus redoutée de toutes, annoncer mon départ à Galadriel."

Le palais dans les arbres était en face de lui, les marches scintillaient quand il posait les pieds dessus. Krome entendit des chants virvoletés dans les airs, des chants qu'il avait déjà entendu lors du départ d'Haldir en Rohan, des chants d'adieux. Etait-ce pour lui ? Mais bien sur, elle le savait déjà. Elle avait lu en lui l'histoire de Kyros, prisonnier criant sans fin dans une cellule du sud, murmure d'un héro oublié. Ce que Kyros représentait pour Krome s'était transformé en seconde personalité pour lui. C'est pour ça qu'il se comportait comme ça, si vite, si imprévisiblement. C'était la seconde fois qu'il la voyait de la journée, une chose que Krome pensait assez ennuieux à la longue pour elle mais il devait lui dire, même si elle le savait déjà. Il avança et se mit en face d'Alatarielle, à quelques décimètres d'elle seulement.

- Les paroles de ces chants sont bien tristes.

- Elles reflétent mon âme... Partir sur un coup de tête ne vous ressemble pas Krome Antar.

- Vous savez pourquoi je fais ça.

- Oui, on vous a influencé avec l'histoire de votre frère et je vous comprends. Seulement ne risquez pas votre vie si vous pouvez éviter le danger. Je ne veux pas vous perdre Krome, soyez vigilant. Alra viendra avec vous et me portera de vos nouvelles, elle est très maligne.

- Puisse notre étoile bien aimé vous bénir ma Dame.

Elle fit quelques pas vers son protégé et doucement déposa un baiser sur son front. Le contact de ses lèbres provoqua chez Krome le sentiment qu'il aimait le plus, cette sensation de protection, cette bénédiction de sa bien aimée. Il voulut rester là, devant elle, mais devait s'en aller. Quand il se tourna, son coeur fut déchiré...

Il partit aussi vite qu'il put vers l'écurie et prit son cheval noir puis retourna voir les deux femmes. Les soldats marchaient en file derrière lui, et portaient leur tenue dorée.

Shinra ne vit pas Krome arriver. Elle était perdue dans ses pensées, encore sous le choc de sa rencontre avec Amayelle. Pourquoi sa vie était-elle si compliqué ? Tant de gens vivaient tranquillement, dans un petit village avec leur famille, heureux. Elle n'avait pas eu cette chance. Sa famille l'avait rejetée depuis le début, maltraitée et haïe ; l'unique personne qui l'avait acceptée, aimée, et qu'elle avait pu chérir en retour, c'était le seul être qui lui était interdit. Et il était mort... Shinra poussa un petit gémissement de douleur en se remémorant ces douloureux souvenirs. Assise sur le sol, elle se recroquevilla sur elle-même.

Lorsqu'elle releva la tête, elle crut qu'elle rêvait. Parce qu'IL était là. Devant elle. Il la regardait, l'air inquiet. Bizarrement, il était plus vieux que dans ses souvenirs ; ses yeux était d'un vert brillant. Shinra voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle tendit la main devant elle, hésitante. Soudain, elle s'arrêta. Ce n'était pas Valiendo. Elle grogna et se leva d'un bond.

Krome n'avait pas bougé. Derrière lui se tenait une colonne de soldats en tenue dorée ; l'un d'eux tenait un beau cheval noir, sans doute celui du capitaine. Il eut la délicatesse de faire comme si de rien n'était, tout en lui demandant du regard ce qu'elle avait.

"Ah, vous êtes là ? Très bien, alors allons-y ! En avant, Kentarione, on part. Krome, vous nous guidez jusqu'à l'orée des bois puis je prendrai la relève. Là, vous nous rendrez nos armes."

Il lança en elfique:

- Tout le monde connait les instructions, une fois à la frontière, préparez-vous à faire feu mais attendez mon signal. Ne visez que les fesses et les cuisses.

Puis il se tourna vers Kentarione et Shinra:

- Mes hommes nous accompagneront jusqu'à la lisière sud, c'est une coutume en Lorien que les soldats d'un capitaine l'accompagnent avant son départ. Ensuite ils retourneront à Caras Galadhron et nous poursuivrons notre route vers le Harad.

Il s'agrippa a la crinière noire de son destrier pour grimper dessus puis lui caressa le cou doucement. C'était Laï Fen, son étalon préféré, celui qui l'avait accompagné dans tout ses voyages. Il lui donna un coup de talon et commencèrent donc leur voyage jusqu'à la frontière, marchant le long du doux fleuve qui chantait. Krome regardait autour de lui, comme s'il découvrait our la première fois cet endroit. La lumière était douce et agréable à sentir sur son visage blanc. Il remit sa capuche pour cacher son visage. Après quelques heures de marche silencieuse et lente, la barrière des arbres s'affablissait et déjà on pouvait apercevoir un pré vert s'étendre au pied des chenes et des saules. Krome s'arreta pour saluer ses soldats. Les deux femmes étaient jsute à coté de lui, debout. Mais avant il fit à son second de rendre les armes à Shinra et Kentarione. Il tendit son sabre à Shinra et les armes de Kentarione puis se retira, toujours en silence.

- Mes frères, vous qui m'avez accueilli, je vous remercie de votre dévotion envers moi. Certes nos premiers moments furent difficiles mais vous avez été assez bon pour me faire membre de votre peuple. Je reviendrais, une fois ma mission accompli.

Les soldats s'exclamèrent en elfique aussi:

- Gloire à vous capitaine. Longue vie à vous. Puisse notre étoile vous bénir capitaine.

Alors qu'ils étaient au milieu de la plaine, Krome s'arreta pour s'adresser à Kentarione et Shinra. Son regard fixait l'horizon.

- Vous souvenez-vous... toute ces fois ou vous m'avez frappé? insulté? Et bien, je crois que finalement, il va y avoir une justice.

Il leva le bras.

- Tirez !!!

Elle avait beau se tenir sur ses gardes, Shinra n'avait pas prévu ce soudain changement de situation. Les dernières paroles de Krome, cependant, avaient attiré son attention et la jeune fille s'était mentalement préparée à parer un attaque. Mais elle ne se doutait pas qu'il s'agirait d'une attaque à distance. Dès qu'il donna son ordre, elle projeta sa soeur sur le sol et bondit vers le capitaine. Il avait fait une erreur en lui rendant ses armes si tôt, et il allait payer...

Shinra tira violemment sur la jambe de Krome, le faisant tomber, puis dégaina son katana et le lui plaça sous la gorge. Aussitôt, les tirs cessèrent. Les archers, bien que très doués, avaient peur de toucher leur chef. Shinra les défia du regard. Ses doigts agripèrent les cheveux de son captif et elle fit basculer sa tête en arrière pour lui parler dans l'oreille.

"Moi aussi, Krome, j'ai été frappée et insultée. Par ceux même qui m'ont donné la vie, plus que par personne. Mais jamais, JAMAIS il n'y a eu de justice ! Moi, j'ai souffert ! Ce que vous avez enduré n'est rien par rapport à ce que MOI j'ai vécu ! Qu'est-ce qui a été blessé chez vous, à part votre orgueil ? Rappelez-vous hommes et maîtrisez-les ; je n'a passé que quelques semaines en Lorien, mais j'en ai un peu appris la langue. Je comprends vos ordres. Alors je vous préviens : la moindre tentative et je vous égorge !"

Krome se contenta de ricaner au nez de Shinra. Il n'aurait jamais du la laisser assister aux entrainements des archers.

- Ahahahah, vous saurez que l'orgueil chez un homme est très sensible. Tuez-moi et les cent guerriers elfes derrière vous botteront les fesses méchamment. Regardez le bout de la flèche, je n'avais pas l'intention de vous tuer du tout. J'ai besoin de vous pour aller jusq'en Harad. La seule chose que ces flèches auraient pu vous provoquer ce sont des bleus.

Il attrapa un des projectiles des elfes. Le bout n'était qu'une vulgaire boule de laiton.

Shinra dut faire un effort colossal pour ne pas montrer sa surprise et sa rage d'avoir été ainsi dupée. Elle aurait voulu le frapper, mais cela aurait été malapproprié en ce moment même. A contrecoeur, elle le lâcha.

"Evidemment que vous avez besoin de moi ! Mais je vous déconseille de jouer d'autres coups pareils, sinon votre orgueil risquerait d'en être encore plus blessé... La route jusqu'au Harad est longue, on ne sait jamais ce qui peut arriver en chemin..."

Elle rengaina son katana et fit signe à Kentarione de la suivre. L'incident semblait oublié... pour le moment. Les deux jeunes femmes montèrent à cheval et se tournèrent vers le capitaine. Pour plus de sûreté, il faudrait qu'il voyage tout près d'elle. Shinra prit une profonde inspiration.

"Bon... Harad, nous voilà !"

Ou peut-être aurait-elle du dire : famille, me voilà ?