Des milliers de soldats stationnaient à Dunharrow. Leur nombre étant conséquent, la plupart des hommes campaient en aval, loin du quartier général. Deorwine, Grimbold, Elfhelm et les autres lieutenants avaient préparés une armée digne d'être commandée par les plus grands chefs de guerre de la Terre du Milieu. Mais seraient-il à la hauteur. Combien reviendraient ? Reviendraient-ils tout simplement ? Jusqu'à présent, le moral des Rohirrim s'était plutôt bien tenu. Mais pour combien de temps ? Une ambiance morose s'installait peu à peu dans le campement et les cavaliers et hommes de pied se demandaient ce qu'il en serait de la bataille. On disait qu'il y aurait des orques en armure, plus forts et plus grands que ceux en maraude dans le Rohan. On parlait aussi d'Uruk-haï, les serviteurs les plus forts du Seigneur Ténébreux. Enfin, les rumeurs couraient comme quoi des humaines iraient également au combat au nom de l'Oeil. C'était cela qui effrayait le plus les Rohirrim. Ils avaient déjà eu affaire avec les Dunlendings, mais ceux-ci n'étaient pas organisés. Les phalanges de Rhûn étaientredoutables d'après les on-dits, et les Suderons devraient ammener avec eux d'immens oliphants, des pachydermes capables de briser la ligne de bataille la mieux organisée du monde, et même de se frotter aux murailles les plus résistantes de la Terre du Milieu.
Soudain, un cor sonna et le coeur des hommes se raviva d'une nouvelle flamme. Arrivait au trot, sur son cheval de nacre, Théoden le Vieux, Souverain du Royaume de Rohan. Un nouveau courage se lisait sur son visage et à ses côtés chevauchaient de grands héros tels qu'Aragorn, Legolas et Gimli. Ceux dont les yeux étaient les plus fins pouvaient même distinguer un Hobbit, Maître Merridadoc Brandebouc de la Comté. La colonne des chevaliers de Meduseld avait fière allure dans ses armures rutilantes, avec au poing des lances longues de dix pieds et accrochés à la selle des boucliers peints des couleurs les plus royales qui soient. Guthlaf allait de l'avant, aux côtés de son seigneur, brandissant son étendard tout de vert, de nacre et d'or et là les rangs des soldats du Rohan se formèrent. Certaines mettaient pied à terre pour s'agenouiller, d'autres inclinnaient la tête. Les porte-étendards abaissaient leurs bannières en signe de respect et tous explosaient en louanges pour leur roi. Celui-ci les saluait de la main mais son visage grave montrait ses inquiétudes. Voyant non loin de là un Maréchal de la Marche, Turak le hella :
"Grimbold, combien ?"
"20 000 cavaliers venus du Nord ! Et 1000 fantassins de Limesneige !"
"Les Helmingas ont répondu à l'appel !"
On reconnaissait là la voix de Deorwine et soudain, Gamling, vieux soldat vétéran qui avait secondé Théoden pendant toute la bataille du Gouffre de Helm se leva pour dire :
"5000 Gardes de Helm venus du Gouffre mon seigneur !"
Une expression de contentement se lisait sur le visage de Théoden. Au moins ne serait-il pas le seul à mourir. Mais devait-il se réjouir de cela ou considérer ce fait comme un nouveau mauvais augure :
"Où sont les hommes de la Fennmarch ?"
Elfhelm répondit à Théoden en disant qu'aucun n'était venu. Le roi se renfrogna et continua à saluer ses sujets en se rendant compte que beaucoup étaient extrèmement jeunes. Le cadet décède alors que le vieux s'attarde, telles étaient les pensées de Théoden. Pourquoi ne l'avait-on pas encore arraché à la vie ? Devait-il attendre encore pour connaître une mort couverte de honte ? Mais cela, il ne le permettrait pas. Déterminé, Théoden savait qu'il allait perdre cette bataille. Peut être que les anciennes alliances dites du Bien survivraient et vaincraient mais dans tout les cas c'était déjà une défaite pour le vieillard. Tant de morts qui peut être n'iraient que remplir les fosses du Mordor quand celui-ci sera à la tête de la Terre du Milieu. Théoden se dirigea vers la tente de commandement pour tenir son conseil de guerre. Elfhelm parla le premier :
"On n'a jamais vu ça. C'est le plus grand rassemblement du Rohan. Nous sommes parvenus à mobiliser pratiquement cent mille hommes."
"Cent mille hommes c'est énorme mais cela ne suffira pas à briser les lignes du Mordor. Vous devez vous hâter, l'assaut sur la forteresse sera pour bientôt et Denethor voudrait vous voir derrière ses murs."
C'était Hirgon, le messager du Gondor qui venait de dire ces mots. On parlait de soldats encore plus nombreux qui se déversaient de la Porte Noire et les Rohirrim n'avaient aucune connaissance du terrain. La victoire n'était pas gagnée d'avance. C'est à ce moment que Théoden ouvrit la bouche pour se prononcer :
"Je n'en espérais pas la moitié. Mais même le double ne sera jamais suffisant pour vaincre le Mordor. Nous avons eu une victoire contre Saroumane mais Sauron ne sera plus une menace que quand il sera totalement détruit. Nous devrons partir demain à l'aube. La forêt de Druadan s'étend à nos pieds et nous seront donc ralenti. Hirgon, je vous conseille de chevaucher au plus vite pour avertir votre seigneur. Soyez au moins à Minas Tirith avant l'assaut du Mordor. Le Rohan répondra. Trop tard ne peut pas être pire que jamais."
Hirgon salua respectueusement le roi Théoden avant de sortir et d'alller prendre son cheval. Les lieutenants du seigneur du Pays des Chevaux se retirèrent. Ils venaient de comprendre que cette bataille serait dan stous les cas une défaite. L'espoir avait quitté leurs yeux et ils avaient l'impression de se voir dans une mirroir quand ils regardaient les visages désespérés des soldats. Le silence régnait sur tout le campement mais un homme s'affairait. Il sellait son cheval et était accompagné de deux autres compagnons. L'un d'eux montait son cheval sans selle et le troisième, baucoup plus petit, était assis en croupe. Ils passèrent devant les rangs des Helmingas et empruntèrent le détroit des Morts. L'un d'eux les reconnut et les appela :
"Seigneur Aragorn !"
Mais c'était bien vain. Gamling regarda ce triste spectacle où un capitaine des Hommes abandonnait ses soldats, sûrement pour aller se réfugier le temps que Sauron déchaîne son terrible courroux. La peur se lisait dans ses yeux et il n'espérait plus du tout cette fois. Ce ne serait pas comme au Gouffre de Helm. Cette fois-ci la débandade aurait lieu dans le camp du Rohan. C'est alors qu'il prononça ces sombres paroles que tous pensaient mais redoutaient de dévoiler :
"Il part parce qu'il n'y a plus d'espoir."
"Il part parce qu'il doit partir."
La voix de Théoden avait résonné et tous se retournèrent pour voir leur roi, debout, l'épée à la ceinture. Il s'approcha de ses hommes, les jaugeant du regard.Tous essayaient de trouver du réconfort dans les yeux du vieil homme mais on ne pouvait rien y lire à part une détermination sans faille. Soudain, Gamling répondit à son seigneur :
"Les troupes du Mordor sont trop nombreuses. Nous ne pourrons pas les vaincre."
"Non, il est probable que nous courrons à notre perte en effet."
Ces mots dans la bouche de leur suzerain horrifièrent les Rohirrim qui se demandaient comment Théoden avait ainsi pu basculer. Mais ils ne comprenaient pas pourquoi il continuait à fixer le vague et semblait de ne pas avoir peur et être prêt à se sacrifier. Un instant, on reconnut en lui la prestance qu'avaient ses aïeux, le charisme qu'incarnaient les anciens rois du Rohan à l'époque que ce pays venait à peine de naître. C'était dans le sang des gans des Chariots que les fils d'Eorl avaient créé ce pays et s'il devait être détruit, ce serait également dans le sang :
"Mais nous irons tout de même porter le combat à l'Ennemi et respecterons nos anciens serments."
Les Helmingas se regardèrent les uns les autres et acquiescèrent du chef alors que Théoden s'en allait. L'aube se levait à peine et on pouvait voir le soleil à l'horizon en train de monter dans le ciel. Dans trois heures le camp serait désert et les auxiliairs rentreraient à Edoras. Eowyn observait ce lever de soleil en silence alors que son oncle s'approchait d'elle. Il se mit à côté de sa fille-soeur et sans la regarder dit ceci :
"J'ai laissé des directives. Durant mon absence le peuple te devra respect et obéissance. Assis-toi sur mon trône dans la Salle d'Or et fais-la rayonner à nouveau."
"Avez-vous d'autres ordres mon seigneur ?"
"Ordres ? Non. Je veux seulement te voir sourir à nouveau et oublier tes chagrins. Ces jours de malheur ne te sont pas destinés."
Théoden la prit dans ses bras. Sa nièce fut toujours une grande fierté pour lui mais il la trouvait trop attachée à son peuple. Il désirait plus que tout qu'elle vive le plus longtemps possible, loin des soucis et des intrigues. C'était pour elle qu'il allait se battre à Minas Tirith.
Trois heures plus tard, les cavaliers montaient leurs chevaux et les fantassins se rangeaient en colonnes. Théoden sortit de sa tente. Il portait son armure lourde complète, toute faite de cuir solide et d'or sur des plaques d'acier résistant. A ses côtés Grimbold le suivait et écoutait ses ordres :
"Nous devons voyager léger et rapidement. Les hommes et les bêtes doivent arriver sur le champ de bataille avec des forces pour se battre. Ne nous encombrons pas donc et laissons des fantassins ici. Nous n'aurons pas besoin de tant d'hommes de pied."
Montant Nivacrin, Théoden se dirigea vers l'avant de sa colonne et lança l'appel. Tous s'avancèrent vers lui et quand il s'élança, ils s'élancèrent de même. Bientôt, les premiers cavaliers arrivèrent dans la forêt de Druadan. Au sol gisait le cadavre de Hirgon, traversait de plusieurs flèches noires : les orques étaient déjà là. Trop tard ne pouvait pas être pire que jamais...
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Sujet: Les Cavaliers du Rohan 
Mar 9 Fév - 13:34
