Un échange convenu à l'avance...

Le jour se levait sur la région d'Imladris, et les lueurs de l'aube éclaircissaient le ciel tandis que la petite troupe se hâtait dans les airs. Fondant au beau milieu d'un léger nuage, Morkar savourait les plaisirs que lui procuraient sa forme démoniaque : il bénéficiait d'une force et d'une endurance accrues, et était capable de voler. A ses côtés, juchée sur une monture ailée aux vastes ailes membraneuses, se tenait Helenna, l'élue de son coeur, qui l'accompagnait à Imladris, en attendant qu'il ne lui prête main forte pour sa quête. Dans le même temps, ils étaient accompagnés par la charmante Lhunara, une amie de longue date d'Helenna, qui chevauchait elle aussi une monture volante.

Piquant vers le sol, le seigneur de Dol Guldur s'impatienta soudain : il avait déjà attendu trop longtemps pour régler cette affaire. En retour des artefacts qu'il avait rendu à l'elfe Gildor, il avait exigé que lui soient prêtés deux des trois anneaux elfiques. Galadriel lui avait déjà cédé temporairement le sien, que Gildor devait lui remettre... et Elrond devait faire de même avec le sien, pour respecter la parole que Gildor avait donnée à Morkar. Le démon en avait besoin, il les lui fallait pour ses plans...

Apercevant la délégation d'Elrond devant les portes de Fondcombe, Morkar atterrit et croisa les bras sur sa poitrine, toisant Elrond d'un air pincé :

"Vous connaissez l'objet de ma venue... Allons, procédons, j'ai déjà perdu trop de temps... et l'Heure avance..."

Lhunara pensait, juchée sur sa monture volante aux airs reptiliens virvoltant dans les airs, la lumière du soleil levant éclairant son visage d'une sublime lueur orangée. Morkar lui avait expliqué ce qu'ils venaient faire ici et elle devait bien reconnaître que cela était manigancé de main de maître...bien qu'elle ne sache pas encore ce que le Seigneur de Dol Guldur comptait faire avec cet anneau. Bah, chaque chose en son temps...

Lhunara jeta une regard sur sa gauche et aperçu Helenna, son amie de toujours, et lui adressa un sourire des plus charmant. Elle devait sûrement le savoir, elle. Alors qu'elle s'apprêtait à poser la question qui satisferait sa curiosité, une autre interrogation lui vint à l'esprit : Elrond accepterait-il de confier son bien à Morkar, le frère de Sauron ? Elle avait apprit que si les elfes étaient les créatures les plus sages de la Terre du Milieu ils n'en étaient pas pour autant les plus loyaux...du moins pas toujours.

Alors que les interrogations lui venant à l'esprit se démultipliaient, Lhunara vit Morkar devant lui plonger vers la forêt en contrebas et, d'un geste des rênes, suivit le seigneur de Dol Guldur et atterrit aux côtés d'Helenna juste derrière Morkar. D'un mouvement grâcieux elle sauta de la selle de sa monture aux grandes ailes membranneuses et se rapprocha de son amie de toujours et attendit la réponse d'Elrond à la question de Morkar, une moue songeuse au visage.

Maître du Jeu Nombre de messages : 2756 Date d'inscription : 18/10/2008

Elrond avait les lèvres pincées. Cela faisait plusieurs jours qu'il attendait ce moment. Comment en était-il venu à accepter, lui qui avait construit la Communauté de l'Anneau, qui lui avait donné pour mission de se rendre à la Montagne de Feu afin d'y détruire l'Unique. Mais il avait échoué. La Communauté avait été dissoute. Sauron, grand Ennemi des Gens Libres avait récupéré l'Anneau. Depuis plus de trois mille ans, bien avant que le Troisième Âge ne commence, Elrond avait toujours combattu cet ennemi, disciple de Morgoth. Il avait été là, lorsqu'Isildur avait arraché l'instrument de pouvoir de la main de Sauron. Mais le roi du Gondor et de l'Arnor avait refusé de l'écouter et de détruire l'arme de l'Ennemi. Depuis, tout n'avait été que désastre.

L'heure ne pouvait être plus sombre que maintenant. Sauron reprenait ses pouvoirs et face à lui ne se dressaient plus que quelques hommes en guenilles. Les maisons du Gondor et du Rohan seraient-elles suffisantes pour stoper l'ombre menaçante ? Elrond en doutait. Il était même persuadé de la défaite des peuples humains. Aragorn, fils d'Arathorn se cachait encore dans les étendues du Nord. Cet être qui pourtant aurait pu être à lui seul un puissant rempart contre Sauron ne se manifestait guère plus. La lâcheté renflouée de son ancêtre Isildur semblait s'emparer de lui. Depuis qu'Arvedui, grand roi d'Arnor avait aussi pris la fuite, la lignée d'Elendil n'avait cessé de sombrer.

Elrond, quant à lui, était le fils d'Eärendil. Mais le soutien des Valar se faisait de plus en plus distant. Les elfes ne partiraient plus en guerre. Les derniers à rester en activité luttaient contre la corruption de Vert-Bois-Le-Grand et échouaient. Tous les autres représentants de la race elfique tournaient leur regard vers l'ouest. Bientôt, Elrond s'y rendrait aussi. Mais quelque chose le rattachait à cette terre. Il se souvint d'une phrase de son ami Gandalf, qu'il n'avait plus vu depuis longtemps : "Il n'y à guère d'espoir à part un espoir de fou". Voilà à quoi le Héraut de Gil-Galad en était livré. Espérer, nu dans les ténèbres. Plus facile à dire qu'à faire.

Soudain, Morkar puis Lhunara apparurent. Les pages et autres écuyers qui entouraient le seigneur d'Imladris eurent un frisson. La décadence du peuple elfique se faisait sentir dans leur réaction. Lorsque la voix de Morkar s'éleva, Elrond fut le seul à ne pas baisser la tête. Il répondit finalement :

"Je vous cède Vilya, l'Anneau de l'Air. Puisse-t-il arrêter le pouvoir de l'Unique et vous servir plus qu'il ne m'a été utile."

Elrond retira avec regret la bague à son doigt. Soudain, il sentit un poids se détacher de ses épaules. Fondcombe ne serait plus jamais sûre à présent mais ce n'était plus à lui de la défendre. Le saphir autrefois scintillant dans le chatton de l'anneau ne luisait plus d'aucun éclat. Et il ne brillerait plus jamais. Elrond lança alors l'anneau dans la direction de Morkar...

[Désolé, je fais court, je pars en camping demain ><

Au fait, Sauron lancera un assaut à la rentrée]

Le prince de Dol Guldur rattrapa l'anneau Vilya au vol, d'une main soudainement griffue. Il le fourra alors dans une petite besace de cuir qui pendait à sa ceinture... besace qui contenait également l'Anneau de Lorien. Avec ces deux artefacts, Morkar était certain de pouvoir battre Sauron le moment venu, Anneau Unique ou pas.

"Je vous le rendrais, n'ayez crainte... Je n'ai rien à ajouter."

Et le souverain de Dol Guldur s'envola, suivi de la petite compagnie, sans un mot ni une salutation autre qu'un léger signe de tête à l'intention d'Elrond...