Rencontre...

La nuit tombait sur la cité de Pelargir, et le soleil couchant baignait de ses lueurs mourantes les toits de la ville. L'obscurité commençait à s'étendre dans les ruelles, et les habitants se faisaient de plus en plus rares à marcher dans la rue.
Lorsque l'heure fut suffisamment tardive pour que la nuit soit bien avancée, le seul éclairage provenait des torches pendues à certains murs. Leurs lumières projetaient des ombres inquiétantes dans les ruelles adjacentes, qui ne possédaient pas cet éclairage nocturne.

Dans l'un de ces coins reculés des cités où se réunissent parfois des groupes de jeunes gondoriens à des heures indues, se trouvaient effectivement cinq adolescents, qui discutaient encore entre eux. Leur discussion portait sur les exploits que chacun projetait d'accomplir lors d'un évènement prochain.
Au bout d'une demi-heure, tombés d'accord sur le lieu et l'heure de leur prochaine entrevue, le lendemain, chacun s'en retourna, saluant les autres, et rentrant chez lui.

Teg était l'un de ces adolescents, et s'en allait maintenant chez lui. Les cheveux blonds, les yeux d'un bleu-gris, il marchait d'un bon pas. Traînant peu dans les rues, il pestait intérieurement contre le fait qu'il habite si loin à l'écard du centre de la ville. Afin de réduire le temps du trajet, il choisit de couper, et s'éloignant de la route principale, emprunta l'une des ruelles adjacentes mal éclairées.

Mais, après avoir tourné à une bifurcation, la ruelle qu'il emprunta se trouva utilisée elle aussi par un individu tout de noir vêtu, qui lui tournait négligemment le dos. Préférant ne pas faire dans le détail, Teg eut un instant d'indécision, avant de s'avancer, s'apprêtant à demander à l'homme de s'écarter. Mais avant qu'il ait ouvert la bouche, l'individu se retourna, et son visage était effrayant : éclairé par les torches, ses yeux d'un gris d'acier le fixaient, une étrange lueur dans leur fond tandis qu'il murmurait d'une voix que Teg entendit pourtant très distinctement :

"Personne ne t'a jamais dit de ne pas te promener tout seul, le soir ?"

Comme Teg ne répondait pas, et restait stupéfait, la peur montant en lui, mais ne réagissant pas, l'individu en noir continua, faisant un pas en avant :

"Et de ne pas approcher des inconnus ?"

Teg, véritablement effrayé à présent, fit précipitemment deux pas en arrière, avant de se retourner pour mieux courir loin de cet individu douteux. Se retournant, il s'élança dans l'obscurité et... ne fit pas un mètre avant de percuter de plein fouet une autre silouhette. Celle-ci n'émit aucun son, mais avant que Teg ne puisse s'éloigner d'elle, le premier individu s'était rapporché tranquillement, obstruant la rue, et la seconde silouhette s'avança dans la lumière vacillante de l'unique torche de la ruelle : elle était entièrement recouverte de cuirs raccomodés, même sa tête semblait être un étrange sac, sans faille pour y voir ou y respirer. Cette étrange créature, donc, profita de la stupeur de Teg pour le repousser sans douceur vers le premier individu, celui de noir vêtu. Celui-là referma ses bras sur l'adolescent, le maîtrisant, faisant preuve d'une force phénoménale, inhumaine, contre laquelle même les plus violents ébats de Teg ne pouvaient rien.

Tandis que Belegûr maintenait les bras de l'adolescent croisés dans le dos, la créature couverte de cuir émit un sifflement menaçant, auquel Belegûr répondit, enfouissant de force Teg dans son ample manteau noir :

"Non, Geist. Celui-ci, je vais le garder. Trouves-t-en d'autres pour satisfaire ta faim, ils courent les rues à cette heure..."

Un sifflement de plaisir émana de la créature que Belegûr avait appellée "Geist", et elle s'en fut vers l'autre bout de la ruelle. Teg, effrayé, ne put rien voir d'autre avant qu'un morceau de tissu noir ne se reserre sur son visage, l'aveuglant et le baillonnant en égale mesure.

Alors, indifférent aux plaintes étouffées de l'adolescent qu'il enlevait, Belegûr l'enveloppa dans son ample manteau avant de s'éloigner de là. Se métamorphosant en un immense corbeau noir, l'Ainur déchu s'éleva dans les airs, emmenant un Teg inconscient dans ses serres...

Il atterrit dans une forêt voisine, éloignée de la ville. Reprenant apparence humaine, il lia les poings de l'adolescent, puis le laissa s'effondrer, sans connaissance, contre un tronc d'arbre proche.

Alors, Belegûr constata qu'il n'était plus seul...

Heytrayde n’avait fait que marcher depuis le début de sa quête et il commençait à être fatigué. Il préférait se déplacer dans l’ombre, ce qui l’avait obligé à passer par des sentiers de forêts obscures. Heureusement que Yraemir était avec lui. Grâce à son oiseau maléfique, il avait pu retrouver la trace de ce Belegûr. Celui-ci laissait derrière lui une aura si maléfique qu’il était facile pour son oiseau de suivre sa trace. Il avait découvert, avec grand étonnement, que celui-ci se trouvait dans les fiefs qui appartenaient au Gondor. Il se demandait bien qui était cet étrange personnage même s’il se doutait qu’il avait un caractère malfaisant.

Avec les indications d’Yraemir, il se trouvait maintenant à l’orée du bois qui bordait les fiefs du Gondor. En s’avançant dans la forêt, il aperçut un faon qui se lovait dans les pattes de ses parents. Voyant autant d’amour Heytrayde s’avança de cette famille et les tua tous les trois, avec son épée, sans aucune hésitation. Un rictus malfaisant s’écrivit alors sur son visage. Après ce massacre sanglant mais silencieux, il rangea son épée dans son étui, puis poursuivi son chemin.

Heytrayde avait passé chaque instant de sa vie avec Yraemir et il avait appris à se comprendre mutuellement. Après quelques kilomètres de marche, son oiseau se mis à s’agiter et il lui fit comprendre que Belegûr était tout proche.

Il vit une sorte de grand oiseau noir atterrir. Sentant de la magie dans l’air, il se méfia et se dissimula derrière un arbre pour ne pas se faire repérer. En voyant le grand corbeau se transformer en un humain, il déduisit que l’intuition d’Yraemir était bonne. Il avait devant lui Belegûr, la grande mort. Il regardait celui-ci lier les poings d’un adolescent avec mystère. L’ainur finit et Heytrayde sentit qu’il s’était fait repérer.

Il s’avança alors et parla à voix haute :

Bonjour étranger, je me nomme Heytrayde. Je suis à la recherche d’un certain Belegûr depuis plusieurs semaines, est-ce bien toi ?

Sur de la réponse de son interlocuteur, il poursuivit :

Le grand seigneur des ténèbres, Sauron te quérit. Il voudrait que tu viennes en Mordor pour s’entretenir avec toi.

Heytrayde attendait la réaction de Belegûr…

Belegûr se retourna, théâtral, et, même s'il n'en laissa rien paraître, il fut quelque peu surpris que l'on vienne lui parler, à lui, Belegûr. Néanmoins, son mauvais caractère, qui allait devenir légendaire, reprit le dessus, et il opta pour une approche assez agressive envers ce visiteur imprévu. Mais avant toute chose, éviter un malheureux incident. Aussi, il leva une main, et, sans même regarder les buissons à sa droite, il parla :

"Ne bouge pas, Geist. Ce n'est pas mon ennemi... pas encore."


Sur-ce, il reorta son attention sur le personnage sui lui faisait face : grâce à ses facultés exceptionnelles, il discernait autour de cet individu une aura de méchanceté presque palpable :

"C'est effectivement moi..."

Maintenant, il s'agissait de passer dans une discussion en sa faveur c'est-à-dire qu'il fallait reprendre l'offensive pour mener le débat. Aussi enchaîna-t-il, après quelques secondes de silence, tutoyant l'individu :

"Et... pourquoi devrais-je me soumettre aux désirs de Sauron ? Après tout, il n'est que mon ... subalterne, dans l'ordre hiérarchique des serviteurs de Melkor...

Je n'ai pas de maître, et n'en aurais jamais. Donne-moi donc une bonne raison de te suivre en Mordor ?"

Les heures les plus noires de la nuit avaient débuté et la forêt où se trouvaient les trois individus ainsi que la créature faite de cuir était encore plus sombre. Quand Heytrayde vit cet espèce de démon couvert de cuire il fut pris d’un regard étrange. S’assurant que son épée était bien à sa portée, il regardait toujours cette étrange créature. Mais sa mission était sa première préoccupation, il devait convaincre Belegûr de venir avec lui en Mordor, en étant très persuasif. De toutes manières il sentait que l’ainur viendra avec lui, il viendra de gré… ou de force.

Heytrayde répondit alors à Belegûr :

Je ne te demande pas d’obéir à Sauron mais juste de venir lui parler.

Voyant que cet argument ne suffisait pas, il continua :

De plus cela ne te coûte rien et, si tu es assez rusé, tu pourrais te faire un allié de taille.

Heytrayde souriait à présent. Il possédait maintenant un sourire plus maléfique que jamais. Son oiseau poussa alors un cri indescriptible mêlé de haine et de rage. Un cri de guerre qui fait froid dans le dos des plus puissants guerriers. Ce rugissement malfaisant devrait surement mettre en confiance Belegûr. Après tout ils étaient de la même espèce.

[Désolé du retard... ]

Belegûr se retourna lentement, présentant son dos à l'émissaire de Sauron. Sûr de lui, il se mit à réfléchir, ou du moins, il semblait le faire. Le menton entre les doigts de la main, il se grattait la barbe, la lissant tout en feignant exagérément la concentration.

Avançant vers l'arbre mort, devant lui, l'Ainur déchu s'accroupit auprès de Teg, toujours inconscient. Et, insidieusement, sa main droite serpenta vers le crâne de l'adolescent, et il entreprit de la lui passer dans les cheveux, lentement et en silence. Un silence qui paraissait d'ailleurs accentuer la gêne de son interlocuteur face à l'image perverse qu'il donnait de lui... mais après tout, peu lui importait que son comportement gêne ou pas.

Alors que l'envoyé du Mordor s'impatientait, Belegûr interrompit son attitude pédophile au possible, et, ébouriffant les cheveux blonds du jeune gondorien, retira sa main, et se redressa, faisant maintenant face à Heytrayde. Puis, après un regard vers l'adolescent -que la créature de cuir, Geist, emportait à présent sur une de ses épaules vers le fond de la forêt- Belegûr murmura :

"J'apprécie de posséder un serviteur apte à chaque chose... et si je n'en ai pas, il me faut en trouver..."

Lorsque Geist et son fardeau furent hors de vue, Belegûr reporta son attention sur Heytrayde :

"Et, actuellement, plutôt que vers une visite à Gorthaur, mon désir passe plutôt vers l'acquisition d'un nouveau serviteur..."

Se plantant devant le messager de Sauron, Belegûr usa de Persuasion alors qu'il achevait son propos :

"Va en Harad. Une fois là-bas, fais-toi livrer la créature nommée Gollum, un être pathétique qui peut néanmoins servir mes desseins.

Pendant que tu feras cela - et, crois-moi, si tu ne le fais pas, je le saurais - je me rendrais en Mordor pour discuter avec ton maître."

Tout en contemplant l’attitude perverse de son interlocuteur Heytrayde attendait une réponse, il savait que c’était sa première mission et il ne devait pas échouer.

C’est alors que Belegûr se releva et se mit à lui parler. L’elfe déchu ne compris pas tout de suite se qu’insinuait l’ainur, mais quand celui-ci porta des propos sur ce gollum il ce sentit obligé d’accomplir la tache de ramener cette infâme créature. De toute manière il n’avait plus trop le choix pour que Sauron puisse s’entretenir avec Belegûr. C’était après tout sa mission et il devait l’accomplir.

Heytrayde répondit alors à Belegûr :

Très bien j’accomplirais cette tâche.

Un rictus apparût sur la bouche d’heytrayde, tel un sourire maléfique, c’était un de ces rictus de gobelin qui avait gagné une bataille, un rictus qui refroidissait tous les adversaires et qui détruisait le courage des plus valeureux combattants des terres libres, ce rictus était un sourire de folie.

Heytrayde se tourna, prit son cheval par les rênes s’en alla en ricanant.

[OK, je m'invite ]

C'est facile d'être méchant. C'est vrai ,quoi: pas d'états d'âmes, de remords, de sentiments. On marche seulement avec sa cervelle, le coeur tombe aux oubliettes. Marchait avec sa cervelle est plus simple. On résonne avec logique, en pensant seulement à soit. Devenir vile était une bonne option pour moi, qui avait passer son éternité à courir après les autres.
Et tiens, parlons-en des autres! Tous ingrats, vulgaires, stupides, cupides. Ils ne comprenaient rien à rien. L'elfe était faible, et l'humain plus encore.
Avant, je les protégeais. Personne ne m'avait jamais rendu la pareille. Prenez Gildor, il m'avait laissé filer. Prenez Silas, il m'avait abandonnée. Prenez Vynean, il n'était qu'un bébé.

C'est difficile d'être gentil. Parce qu'on est entouré de méchants. Voilà la véritable raison de pourquoi j'avais finit par céder à la malveillance, à un moment. J'en avais eu assez de passer mon temps à réfléchir entourée par des entités qui ne réfléchissaient pas. Je me donnais du mal, je faisais au mieux, je me laissai faire et en retour, je n'avais rien d'autre qu'un regard idolâtre, un sourire émerveillé. Mais qu'est-ce que je cherchai, au fond?
Ah voilà, qu'on me laisse enfin tranquille. Qu'on arrête de me prendre pour l'ange gardien de service. Je n'en pouvais plus.
J'avais donc décidé de fuir à n'importe quel moyen. Ne plus jamais me retrouver un présence d'hommes ou de femmes qui imploraient ma bienveillance et ma bonté. Halte au gag, j'arrêtai les frais.
J'avais le droit d'être en paix, puisqu'il il m'était interdit d'être heureuse.

Je errai donc aux alentours de Pelargir, complètement perdue. Je ne savais où allait. Fangorn avait été mon refuge, mais avais-je envie une fois de plus de faire un retour dans le passé? Non. Désespérée, je m'assis contre un arbre en repliant mes grandes ailes blanches autour de moi. Oui, elles avaient repris leur couleur initiales. Comme mes cheveux, redevenus blonds comme les blés. Mes yeux, aussi, redevenus vert tels deux émeraudes scintillantes.
Il fallait croire que j'avais tendance à me transformer inopinément sous le coup de la colère. Mais comme j'étais de nouveau triste et résignée, j'étais redevenue l'ange blond que j'étais avant ma sinistre rencontre avec Silas.
J'étais d'une originalité épatante. Deux émotions étaient en moi. Colère et tristesse. Je me serais damnée pour ressentir un peu de bonheur ou simplement arriver à rire. Seulement, ce n'était pas dans mes cordes.
Soupirant, je passai une main dans ma chevelure lorsque je me reçu une vague étouffante en pleine figure.

L'air devint brusquement irrespirable, moribond, malsain. J'en avais des larmes aux yeux. C'était affreux. J'avais presque l'impression que la forêt était encore plus sombre. Suffoquant presque, je me levais d'un bond, furetant des yeux parmi les macabres silhouettes des arbres. J'entendis un craquement , puis un autre. Quelqu'un marchait vers moi, je sentais l'air devenir encore plus lourd.
Inquiète, je penchai légèrement en avant dans une attitude agressive qui ne me ressemblai pas. Mais j'avais peur. Je n'avais jamais senti quelque chose d'aussi maléfique. Je retenais mon souffle une minute interminable.
Puis Il se détacha de l'ombre des arbres. Sa seule vue m'arracha un gémissement craintif que je parvins à peine à étouffé. C'était l'homme le plus terrifiant qu'il m'eût été donné de voir. Il aurait pu paraître banale. Si ses yeux et son aura n'étaient pas aussi malveillants et réfrigérant.

Il était le Mal Incarné. Le genre d'homme à faire passer les plus viles pour des enfants de coeur. Le genre d'homme dont il fallait se méfier. Mais quelque chose en lui me troublait. Quoi donc? La fascination des purs pour les impurs, peut-être. La peur qu'il inspirait sûrement. Ou tout simplement parce que, pour la première fois de ma vie, je rencontrai quelqu'un de mon espèce. Un puissant, un intelligent, un étrange... Un Ainur!
Il était incroyable d'enfin rencontrer quelqu'un pareil que soit. Même s'il était tout sauf bon. J'avais en face de moi un égal, et pour seulement cette raison, je baissai la garde et lui adresser la parole:
"Qui es-tu?"