Remonter le fleuve [Vynean attendu]

Langue-de-Serpent était déjà sur le pont lorsque Vynean se réveilla. Alors que le jeune prince sortait à son tour, Grima lui fit signe d'approcher, et lui désigna le fleuve qu'ils remontaient à présent. Tout autour, les paysages sauvages, mais si beaux de la Comté s'étendaient à perte de vue. Langue-de-Serpent fit arrêter le navie à un endroit relativement hors de vue, à quelques kilomètres au sud des premiers villages hobbits.

"Nous descendrons à la tombée de la nuit. Uniquement toi, moi, et Govik... et nous irons rendre visite à une personne bien placée...

Ce pays était sous la protection de mes ancêtres auparavant, et j'entend bien reprendre ce rôle."

La perusasion qu'il mettait dans sa voix était convaincante, et Grima ne s'attarda pas plus sur le sujet. Se tournant vers Silas, il lui fit un signe de la main, et, tandis que celui-ci disparaissait dans les cabines, Grima parla à Vynean :

"Tu n'as pas idée, néanmoins, du nombre de personnes qui ont concouru à tes malheurs... Tu peux déjà découvrir un premier coupable de tes déboires, que j'ai retrouvé pour toi peu de temps avant que je te rencontre."

Se retournant, Vynean vit que Silas ramenait Frodon sur le pont. Le hobbit, toujours poings liés, ne se débattait plus tant que ça. Silas l'amena jusqu'à Vynean, et poussa sans douceur le hobbit dans les bras du jeune prince. Alors, Grima parla, et sa voix était emplie de Persuasion, tandis qu'il confondait Vynean :

"Ce hobbit était jusqu'il y a peu en possession d'un anneau elfique le rendant invisible lorsqu'il le portait au doigt. Grâce à ceci, il m'a avoué -très difficilement, il est vrai- t'avoir espionné, toi et tes proches, pour le compte de tes ennemis, plusieurs jours avant que ne surviennent tes malheurs..."

Comme Vynean n'était pas complètement sous sa coupe, Grima ajouta :

"C'est lui qui est responsable du sort de ton ami."

Attendant la réaction de Vynean, Grima fut certain d'avoir touché la corde sensible :

"Je te demande, jusqu'à ce que je sois établi à ma juste place en Comté, de garder ce mécrant pour moi. Tu peux en faire ce que tu veux, jusqu'à ce que je puisse lui accorder le sort qu'il mérite... Alors, une fois tout rentré dans l'ordre, je te reconduirais sur le trône de Gondor.

Mais avant, il faut que tu m'aides à devenir le Protecteur de cette terre de semi-hommes."

Grima soupira intérieurement : il avait cru que ce serait plus facile de mettre Vynean dans sa poche... mais il y parviendrait tout de même !
Déployant des trésors de Persuasion, et usant de la Confusion pour mieux persuader le jeune homme, Langue-de-Serpent chercha comment répondre à la question de Vynean tout en réabordant le sujet sensible :

"Ces terres auront pourtant bientôt besoin de quelqu'un pour les diriger de nouveau, car l'Ombre de l'Ennemi de l'Est approche, et une contrée n'est pas à l'abri sans s'en donner les moyens..."

Puis, embrayant rapidement sur le sujet de prédilection :

"... mais ce semi-homme doit en savoir long sur l'invasion de l'Ennemi, puisqu'il a aidé à son éxécution en rendant l'anneau qu'il possédait à Sauron..."

Et, petite touche finale :

"... non content d'avoir indirectement tué ton ami."


Puis, laissant Vynean avec Frodon, Grima lui tourna le dos et, ricanant intérieurement, s'éloigna, lançant :

"Je te demande simplement de le garder pour moi."

Frodon était perdu : depuis qu'ils avaient quitté Cirith Ungol pour ce navire, il ne savait plus où il était, ni qui il pouvait être. On l'avait séquestré trop longtemps pour qu'il sache discerner l'honnêteté du mensonge, et il devenait craintif au point qu'il crut que Vynean voulait simplement le tourmenter avant que l'individu albinos ne revienne le chercher.

Pourtant, ce jeune homme avait une allure princière : au fond de lui, Frodon pensa que peut-être cet individu était animé de nobles intentions, mais il ne parvenait pas à croire au Bien dans ce repaire de truands, menteurs et cruels.

De plus, la question du jeune homme était délicate : il parlait de l'Anneau, certainement... Mais Frodon avait juré de ne rien révéler de sa quête... Quête qui était un échec, il fallait l'admettre... Mais il n'empêche, avait-il le droit de...

Accablé de doutes, les poings liés, tremblant de peur, le semi-homme fit face au prince gondorien, et, sans mot dire, le jaugea du regard, attendant de sa part une... une sorte de preuve qu'il n'était pas animé de mauvaises intentions à son égard...

Frodon n'avait toujours pas une entière confiance en Vynean : la première question que celui-ci lui posait était celle à laquelle il ne devait pas répondre, car elle concernait la quête de l'Anneau... et Frodon n'était pas certain que le fait d'avoir échoué le libérait de sa promesse du secret.

Le semi-homme réfléchit longuement, pesant le pour et le contre. D'un côté, si Vynean avait voulu être très amical envers lui, il l'aurait libéré de ses liens... donc le prince face à lui se méfiait, donc il n'était peut-être pas sincère dans sa question.
Indécis, Frodon rencontra le regard de Vynean, et le soutint longuement : il ne lisait pas de malice dans ce regard, mais il finit par détourner les yeux, regardant le sol, horriblement tiraillé entre l'envie de rassurer ce jeune homme, et l'indécision liée à la quête de la communauté...

Toujours est-il que, même s'il serait bientôt enclin à parler, le hobbit n'ouvrit pas encore la bouche, perdu entre ses pensées etses sentiments contraires...

Frodon resta choqué, stupéfait : c'était presque à croire que Vynean avait lu ses pensées ! S'il y avait une chose qu'il lui fallait faire pour gagner la confiance de Frodon, c'était bien ça : mis en confiance, profondément convaincu que le jeune prince était sincère, le semi-homme se leva, et, face à Vynean, le fixa du regard. Une sorte de compréhension s'établit entre les deux, et Vynean ravala ses amères paroles, avant que Frodon n'ouvre enfin la bouche et ne prenne la parole, se frottant ses poignets endoloris :

"Mais je vous assure que je ne sais rien de votre histoire ! Je n'ai rien fait contre votre famille ou contre vos amis, je vous le jure."


Comme Vynean semblait toujours profondément choqué, lui aussi, à sa manière, Frodon ajouta, espérant qu'on ne l'écoutait pas de l'éxtérieur de la cabine :

"Je dois vous dire que l'homme en noir m'a l'air très malhonnête : il vous a monté contre moi, mais je n'ai rien fait conte vous ! Le sens de son dessein m'échappe, mais je suis certin qu'il ne vous veut pas du bien."


Alors, poussé par un élan irrépréssible de sympathie envers ce prince une fois et demi plus grand que lui, Frodon cessa de se frictionner les poignets, et, comprenant à peine ce qu'il faisait, tendit la main à Vynean, en un geste d'amitié qui ne lui ressemblait pas, lui qui était toujours si réservé...

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Frodon était tellement heureux : il s'était trouvé un ami ! Du moins le pensait-il très fortement, et l'avenir devrait le lui
confirmer. Cette poignée de main scellait leur amitié, mais, au sens de Frodon, la résonance en était bien plus profonde : c'était une entente entre deux amis, deux compagnons... Le semi-homme, ne sachant que dire, murmura un bref "Merci" en se massant les poignets, grimaçant alors que le sang circulait de nouveau dans ses poings.

Puis, croisant le regard de Vynean, il revint à la réalité, et dit à voix basse, hésitant :

"Il faut vous enfuir d'ici... Si vous attendez la nuit, grand et fort comme vous l'êtes, vous parviendrez certainement à fuir ce bâtiment...

Quant à moi, je vous serais d'un bien piètre secours, mais laissez-moi essayer de vous aider en paiement de ma dette..."

[Je déplace ce post]

Vynean faillit éclater de rire quand Frodon le qualifia de grand et fort : lui, qui atteignait à peine le mètre soixante (et encore, il n'en n'était pas sûr), presque dépourvu de muscle ? Evidemment, comparé àun hobbit, il devait paraître puissant. Mais leur petite taille à tous les deux pouvait leur être utile pour passer inaperçus. Cependant, si onles remarquais, personne ne pourrait confondre Frodon avec quelqu'un d'autre.

Vynean s'assit, en pleine concentration. Il réfléchit à un moyen de s'échapper. Cela ne pouvait être que la nuit, évidemment. Ils devraient aussi voler un canot pour ne pas se noyer dans le fleuve, aussi peu profond fût-il. Le jeune homme ignorait si son nouvel ami savait nager, mais mieux valait ne pas prendre de risque. Mais comment se débarrasser des gardes et des marins ? Il observait leurs allées et venir pour trouver une faille. La surveillance devait être plus faible la nuit. Cependant, le plus important serait de faire croire que Frodon était toujours ligoté. Le jeune prince fit part de son plan à son compagnon.

"Je vais rester ici à vous surveiller, avec l'air de vous haïr. Je suis toujours censé croire que vous êtes un meurtrier. Au moment propice, nous agirons. Je suppose que vous connaissez bien la Comté, je compte sur vous pour nous guider. Mon but... j'ai l'impression que je dois rentrer au Gondor. Je vous raccompagnerai chez vous, puis je rentrerai chez moi. Cela vous va-t-il ?"