Une ombre... dans la lumière de la Dame

A l'aurore, la Lorien était encore plongé dans l'obscurité de la nuit. Les oiseaux somnolaient dans leur nid, les loups dans leur buisson, et les rayons du soleil dans la montagne au loin.

Une seule chose bougeait dans ce décor mort, deux personnes montées sur des chevaux noir charbon. Le bruit des sabots sur les roches alerta un lièvre qui venait de se réveiller et, prudent, il se cacha dans son terrier. Le regard du premier semblait avoir disparu dans l'ombre de sa capuche. Il tourna la tête vers le second voyageur, un peu plus détendu que lui. Il grimaça.

- Nous y sommes presque.

La voix semblait venir d'une grotte, elle était rauque, sans vie ni marque d'humeur et l'on vit a peine les lèvres bougées. Il tira doucement sur les rennes de son destrier. La bête s'arreta, en hénissant. A coté de lui, sa compagne de voyage fit de même. Il sauta de sa selle et mit sa main sur le manche de son sabre. De sa main libre, il ôta sa capuche. Quelques mèches ténébreuse tombèrent sur son visage. Il les balaya d'un coup de tête.

Jamais la Lorien ne lui avait paru si triste. La forêt était rarement accueillante et pleine de vie, mais jamais, jamais elle n'avait semblé si lugubre, voire désespérée. Pouvait-elle refléter ainsi des émotions ? Ou alors était-ce simplement un effet de leur imagination ? La femme tourna un instant la tête pour voir si son compagnon éprouvait la même chose qu'elle. Sa voix, lorsqu'il parla, était rauque et sans âme. Et pourtant si pleine de sens...

"Je sais que nous sommes presque arrivés. Je suis déjà venue une fois."

En vérité, elle ne reconnaissait pas son chemin du tout. Mais elle était de très mauvaise humeur depuis... depuis que c'était arrivé. Krome s'arrêta, la sortant de sa rêverie. Il semblait méfiant. Aussitôt, Kentarione porta la main à son arme. Elle n'avait pas touché au katana de sa soeur. Figée, les sens en alerte, elle attendit.

- La Lorien est l'endroit le plus troublant que je connaisse, ne fais pas comme si tu étais habitué à ce lieu. J'ai pris plusieurs mois à m'y faire.

Ils firent quelques pas avant que Krome ne s'aperçoive que Kentarione était prête à attaquer, tout comme lui. L'endroit dégageait une odeur putride, différentes de celles des plantes qui poussait sur la frontière sud. Un fumet de souffre, pareil à celui de feux embaumait l'endroit, accompagné par une puanteur d'excréments. Pour lui c'était certain, les orcs malodorants de Dol Guldur trainaient dans les parages.

A quelques mètres, plusieurs branches se brisèrent sous le poids des monstres, le son parvint jusqu'aux oreilles de Krome.

- Kentarione, ils nous ont repéré ! Prépares-toi !

Il se mit en garde. Plusieurs d'entre eux jaillirent des buissons. Ils portaient de pauvres armures cuirs et des morceaux d'acier comme arme. Les premiers à parvenir jusqu'aux deux humains tombèrent immédiatement mais très vite, leur nombre se multiplia. Ils en sortaient de partout, comme des cafards. A présent, Krome et Kentarione étaient trop peu nombreux, ils allaient succomber.

Lorqu'ils furent encerclé, des flèches percèrent les feuillages. Elles allèrent se loger dans la chair des créatures puantes. Krome attrapa le bras de l'haradrime. Un des projectiles frôla sa poitrine. Elle se déchaina, ravageant tous sur son passage jusqu'à se freiller un chemin vers la source de la pluie de flèches. Ces orcs qui semblaient si nombreux finirent par tous tomber.

Les renforts sortirent de leur cachette, ils étaient grands, élégants.

- Mes amis, je suis heureux de vous revoir.

- Krome, Krome Antar. Vous êtes partis depuis un moment, je ne m'attendais pas à vous revoir avant quelques semaines. Venez, rendons-nous à Caras Galadhron, vous avez besoin de vous laver et de vous nourrir.

L'intervention des Elfes tombait vraiment à point - mais Kentarione n'avouerait jamais qu'elle était en position de faiblesse. Décidément, cet orgueil était de famille. A cette pensée, le coeur de la jeune femme se serra. Elle se força à penser à autre chose. Evidemment, les Elfes parlaient dans leur langue, et elle ne comprenait pas un mot. Voyant Krome les suivre, elle se dit qu'elle n'avait rien à craindre et imita son compagnon.

Les Elfes les conduisirent à Caras Galadhon. Là-bas, on leur offrit un bon repas chaud, que Kentarione apprécia beaucoup. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas autant mangé. Ensuite, on leur permit de se rafraîchir - car ils n'étaient plus très frais après leur long voyage à travers la Terre du Milieu. Cependant, la curiosiré l'emportait sur le confort : tous les deux avaient très envie de savoir ce que Shinra avait caché chez son amie Amayelle. Cela devait être d'une importance capitale pour qu'elle se donne la peine d'en parler - même dans son agonie. Dès que Krome fut prêt, Kentarione insista pour qu'il la conduise chez Amayelle, car elle ne connaissait pas le chemin. En échange, il pourrait assister à la conversation et découvrir le secret.

Il la conduisit chez Amayelle qui fut aussi surprise que ravie de voir Krome et kentarione de retour. Lorsqu'elle vit que Shinra n'était pas là, et lorsqu'ils lui contèrent ce qui s'était passé, elle fut troublée et attristé mais elle savait surement que cela allait se produire. Ils se rendirent chez Krome, traversant Caras Galadhron. On pouvait entendre un chant funèbre prononcé par les elfes. Il leur avait ordonné de l'entonner en son honneur, bien qu'il ne la connaissait pas vraiment.

Elles s'assirent dans la pièce principale, Krome était debout à coté de Kentarione qui fixait l'elfe dans les yeux. A présent, il allait connaitre toute l'histoire, ou du moins une bonne partie. Restait à espérer qu'elle ne soit pas trop traumatisante.

(dsl, pas bcp de choses à raconter)

Ils étaient tout proches de la vérité. Kentarione sentait son coeur battre plus fort dans sa poitrine. Elle avait un presque peur de ce qu'elle allait apprendre. Si Shinra n'avait pas eu le courage - ou l'occasion, qui sait - de le leur raconter, elle devait avoir des bonnes raisons. Quel secret terrible leur avait-elle encore caché ? Kentarione prit une profonde inspiration et se lança.

"Nous vous avons raconté ce qui était arrivé à ma soeur. Mais il y a une chose que vous devez savoir. Avant de mourir, elle m'a demandé de vous rendre visite et de vous remettre son katana. Elle voulait que vous nous montriez quelque chose, qu'elle a apparemment caché ici. Nous ignorons de quoi il s'agit, mais nous supposons que c'est d'une grande importance."

A ces mots, le beau visage d'Amayelle pâlit. Elle chancela, porta la main à son coeur. Tout son corps se mit à trembler. Quand elle parla, sa voix vacillait.

"C'était il y a un an, environ. Elle est arrivée ici dans un état pitoyable. J'ai longtemps cru qu'elle ne survivrait pas, mais pourtant elle s'est accrochée jusqu'au bout. Je comprends à présent qu'elle avait une oeuvre à terminer. Elle m'a raconté son histoire, et cela m'a répugnée, réellement, mais je l'ai aidée. J'ai promis de m'en occuper lorsqu'elle ne serait plus là... Elle m'a fait jurer de ne répéter son secret à personne, mais vous semblez avoir son accord. Vous allez la haïr pour ça... Venez, il est chez moi."

Kentarione et Krome ne comprenaient pas tout ce que l'Elfe disait. De quoi s'occupait-elle donc ? Shinra avait eu peur pour ce mystérieux secret. Représentait-il un danger ? Malgré tout, leur curiosité l'emporta sur leurs craintes. Ils suivirent Amayelle et retournèrent chez elle, d'où ils venaient. Là-bas, l'Elfe leur fit signe de ne pas faire de bruit. Tous les trois entrèrent dans une petite pièce sur la pointe des pieds.

Il s'agissait de la chambre d'Amayelle. Celle-ci leur indiqua une sorte de petit hamac, à côté de son propre lit. Kentarione fut la première à s'avancer. Elle se pencha en avant et repoussa la couverture qui cachait le mystérieux secret. Soudain, elle fit un bon en arrière, les mains sur la bouche et les yeux écarquillés. Krome s'élança vers elle, mais ne réagit pas aussi vite. Il ne paraissait tout simplement pas croire ce qu'il voyait. Reprenant son courage, Kentarione revint vers le hamac. Elle comprenait tout à présent : les histoires de Shinra, qui avait tenté de leur faire comprendre, son désir de léguer son katana, enfin pourquoi elle était allée chez les Elfes. Son secret... c'était un enfant. Kentarione ne doutait pas un instant de l'identité de son père. Tout à coup, le bébé ouvrit les yeux et la regarda. La jeune femme sursauta.

Il avait des yeux rouge vif, signe d'une malédiction.

Krome regarda Amayelle d'un air mauvais et lui demanda:

- Amayelle, de qui est cet enfant ?, tu ne me la jamais dis.

Après la réponse de la jeune elfe, il sortit du batiment ou il se trouvait. Toutes ces histoires n'avaient fait que le troubler et il désirait s'isoler. Il marcha longuement entre les arbres, ne sachant pas vraiment ou il allait. Il revoyait le visage de l'enfant. Ses yeux lui rappelait son cher frère, Kyros resté en Harad pour servir la reine. "pauvre Kyros", pensa-t'il. "Cette femme avait vraiment l'air narcissique." . Il arriva devant un endroit qu'il fréquentait souvent, le cercle de chênes morts qui s'étaient formés un peu au nord de la cité elfique. Il s'assit au milieu du rond sur les feuilles oranges, déposa son sabre sur une branche au passage et ne bougea plus. Il était plongé dans ses pensées noires à présent et rien ne le fit réagir, même pas Alra qui vint se poser sur son épaule. Cela faisait longtemps...

Il ne savait ni ce qu'il attendait, ni pourquoi il l'attendait mais il sentait que quelque chose s'approchait de lui, quelque chose de familier.

Kentarione n'avait pas encore digéré ce qu'elle venait d'apprendre. Qu'Amayelle énonce en plus la vérité de vive voix l'avait encore plus perturbée. Ainsi, ce que Shinra avait tant voulu cacher, c'était un enfant. Son enfant. L'enfant qu'elle avait eu avec Valiendo. Rien que d'y penser, Kentarione eut tout d'abord envie de vômir. Puis elle se dit que si elle avait supporté tout ce que sa soeur avait fait jusqu'à présent, elle pouvait bien supporter cela. Mais si cet enfant venait à apprendre, un jour, sa véritable ascendance, le supporterait-il ? Rien n'était moins sûr. Ce garçon - car Amayelle avait précisé qu'il s'agissait du fils de Shinra - n'aurait pas une vie heureuse, elle en était certaine. Rien que la couleur de ses yeux en était une preuve : le rouge portait malheur. Et s'il ressemblait à sa mère, alors sa peau pâle effraierait encore plus. On appelait ça un albinos. Et on ne considérait pas ça comme normal. Si jamais le gosse atteignait l'âge adulte - ce dont Kentarione doutait, car il risquait de souffrir d'une quelconque pathologie due à son ascendance consanguine - il ne vivrait pas heureux en tant qu'homme. Jamais les Elfes ne l'accepteraient. Qui alors oserait lui offrir son amitié ?

Perdue dans ses pensées, Kentarione ne regardait plus où elle allait, mais ses pas la conduisirent à Krome, qui se trouvait dans le même état qu'elle. Il sursauta lorsqu'elle s'approcha de lui, la tirant en même temps de ses pensées. Elle lui posa alors la question qui lui brûlait les lèvres.

"A ton avis, que va devenir l'enfant ? Mon neveu ?"

- Ce qu'il va devenir ? Un boulet pour les elfes, comme je l'ai été il y a quelques années, mais son avenir est moins sûr que le mien. Sa vie dépendera d'Amayelle, et des hauts gradés de Lorien, autrement dit de moi aussi. Qu'il n'ait crainte, son destin sera scellé par les autres, pas par moi.

Il se tut quelques instants pour ensuite reprendre.

- Tant de choses à assimiler.. cette histoire sans queue ni tête a trop de détails et de figurants pour moi. Viens, assieds-toi et tentes d'oublier tous ça pendant quelques instants. Laisses le calme venir à toi.

Une brise se leva, douce et légère. Elle effleurait les narines de Krome, qui se dilatèrent. Lui aussi avait envie de demander quelques choses à Kentarione, aussi il ferma les yeux. Le sifflement du vent éraflait ses tympans. Ses paupières s'ouvrirent.

- Kentarione, dit-il après un soupir, est-ce que... j'aurais dû ne pas me mêler à tous cela ? Ai-je servi à quelques choses pour vous ?

Pauvre enfant, se dit encore Kentarione. Elle ignorait si les Elfes étaient superstitieux, mais personne ne restait de marbre devant un albinos. Si au moins Krome pouvait lui apporter son aide... mais elle en doutait. Non pas que son ami fût égoïste ou méprisant, mais il ne possédait pas le pouvoir absolu en Lorien. Elle-même se permettrait bien de rendre visite à son neveu de temps en temps, mais elle ne se sentait pas capable de l'éduquer.

Poussant un long soupir, elle s'assit à côté de Krome et ferma les yeux. Impossible d'oublier. Cependant, elle tenta de faire le vide dans son esprit. Décidément, sa vie n'était pas facile. Elle allait finir par croire que sa famille était maudite. Non, arrêter de penser à ça. Arrêter de se tracasser. Juste un instant...

La question soudaine de Krome la tira de ses pensées. S'il commençait à l'interrompre dans sa méditation... Elle se fora pourtant à l'écouter et à lui répondre.

"Je pense quand même que ton aide nous a été utile. Je ne sais pas exactement ce que Shinra pensait de toi, mais je crois qu'elle t'aimait bien. Tu es un des rares à avoir fait partie de ce qu'elle aurait pu appeler ses amis. Si tu as servi à quelque chose... je ne saurais pas te répondre. Peut-être que tu as ralenti sa mort..."

- En autre terme,je n'ai pu éviter ce qui devait arriver et maintenant, elle est passé dans l'autre monde. Autrefois, quand je me battais contre des ennemis, je n'avais pas peur de me jeter dans le tas, de voir la mort en face. Je ne reculais jamais, on devait m'arracher mon sabre des mains pour que je m'arrete. Mais une fois qu'on voit un des siens mourir, on n'a pas envie d'affliger cette souffrance aux autres. J'ai donc arrêté de foncer tête baissée.

Autrefois... Il disait ce mot avec une telle mélancolie. Il revenait de Harad, et voilà qu'il lui manquait déjà. Kyros, son cher frère n'avait pas changé, Lara non plus: toujours aussi belle, si rayonnante malgré la dureté de la rue. Krome faisait son éloge à chaque fois qu'il parlait d'elle. Mais qu'est-ce qui l'attirait tant que ça chez elle?

Il reprit.

- Je suis désolé que ta soeur et moi ayons dépassé les limites en Harondor. La tournure des chose m'a échappé, j'en suis le seul responsable.

Il était vraiment touchant, parfois. Parfois. Était-ce le même homme qui étripait ses ennemis sur le champ de bataille ? Depuis qu'elle s'était fait de nouveaux compagnons de voyage, Kentarione avait appris à décrypter les différentes personnalités humaines. Elle, la pirate sanguinaire, analysait les gens ! Comme quoi, tout pouvait arriver. Tout le monde ne possédait donc pas un cœur de pierre. Qui l'eût cru ? Tout le monde n'obéissait pas à des instincts bassement humains, pour ne pas dire animaux. Quoique...

Elle éclata de rire, faisant sursauter Krome. A sa grande surprise, la jeune femme lui donna une claque amicale sur l'épaule.

"Tu as de ces inquiétudes... Tu penses vraiment que je t'en veux pour ça ? Jusqu'à preuve du contraire, Shinra et toi étiez assez grands pour savoir ce que vous faisiez. Enfin, elle, peut-être pas, mais toi, oui ! Ça ne me regarde en rien. Et puis, ce n'est pas si grave, si ?"

- Alors pouquoi m'avoir frappé? L'orgueil d'un Homme est très sensible, tomber nu devant plusieurs dizaines de personnes et frappée par une femme aurait pu te faire tuer. Pourtant je sentais que c'était ma faute, je n'ai donc rien tenté.

Krome avait décidé de retourner au front, de prendre les rennes et attaquer l'ennemi. Il préparait ses assauts depuis quelques minutes déjà, et entreprenait de diriger prochainement de nouvelles troupes, les cadets archers que ses confrères capitaine entrainaient. Ils seraient bientôt prêt à montrer de quoi ils sont capables sur un champ de batailles.

- Je vais rester quelques mois en Lorien après quoi j'irai à la rencontre des provinces alliés, Rivendel et Mirkwood. Si tu.. désires m'accompagner et visiter les royaumes les mieux garder du monde, c'est avec joie que tu pourras te joindre à moi pour ce voyage. Mais combien de temps comptes-tu rester en Lorien?

Ah les hommes ! Tous les mêmes ! Kentarione ne savait plus si elle devait en rire ou en pleurer. Elle lui donna une grosse claque amicale sur l'épaule.

"Finalement, c'est plus ton orgueil qui en a souffert ! Mais en effet, tu l'avais bien cherché. Bah, nous n'allons quand même pas nous en vouloir pour si peu ? Je te l'ai déjà dit, je n'ai rien contre toi. Il serait peut-être bon de faire une longue trêve, pour éviter ainsi de nous étriper à la première occasion. Pour répondre à ta question, je n'ai pas vraiment de projet. Bien sûr, la mer, mon navire... tout cela me manque, et je crois que si je ne monte pas sur un bateau d'ici quelques semaines, je vais devenir folle ! Bon, évidemment, si d'autres aventures intéressantes m'attendent, je pense pouvoir encore survivre quelques temps... Alors pourquoi ne pas t'accompagner ?"

Elle avait tenté de dire cela avec détachement, mais sa voix vibrait quand elle parlait. Elle avait l'action dans le sang, vivait d'adrénaline. Le calme de Elfe ne lui conviendrait certainement pas, mais la Terre du Milieu était loin d'être calme ! Qui sait ce qui l'attendait ?

Il mit sa main par dessus celle de Kentarione.

- Non, je ne t'en veux plus pour ça. Va pour la trève.

Alors elle resterait si Krome lui trouvait quelques distractions. Bien, ce ne sont pas les patrouilles d'orcs qui manquent aux frontières. Peut-être pourrait-il même aller à Dol Guldur comme espion, qui sait ! Il irait demander à la Dame son accord. Galadriel! Il l'avait oublié, mais comment? Ecarquillant les yeux, il se leva brusquement. Kentarione sursauta.

- Allez viens! Nous devons aller à la rencontre de la Dame.

Il ramassa son sabre pendu à la branche morte et le mit à sa ceinture.

- Lèves-toi, allez dépêches-toi! On a oublié d'aller la vois, je suis vraiment étourdi par fois.

C'était étrange comme Krome pouvait être soupe au lait ! L'instant d'avant il semblait mal à l'aise, puis après sympathique, et enfin sautillant pour aller rendre visite à Galadriel. Quelle admiration il lui vouait ! Jamais Kentarione n'aurait pu éprouver cela pour qui que ce soit. Poussant un long soupir, elle se leva, en prenant bien soin de traîner les pieds - non pas parce que cela l'ennuyait, mais par principe, tout simplement.

Cependant, lorsqu'il fut loin devant, elle se décida à accélérer pour ne pas se perdre dans ce lieu étrange qu'était la Lorien. Il faudrait bien qu'elle s'y habitue, pourtant. Et pourquoi ne pas faire connaissance avec la Dame, aussi ? Si jamais elle devait passer plus de temps en compagnie des Elfes, autant mieux connaître leurs chefs. Et si Krome l'adorait tant que ça, il devait bien y avoir une raison...

Après sa visite à la Dame, qui dura une bonne heure, Krome mena Kentarione chez lui. Sur la route, il prit le temps d'observer tout ce qui l'entourait, tout ce qu'il voyait quotidiennement depuis quelques années. Il se rendit compte qu'il n'avait jamais vraiment fais attention à toutes les curiosités de Caras Galadhron, son obsession pour Galadriel l'avait quelques peu aveuglé et il avait raté un monde plein de magies, d'auras, d'ambiance, de souffles mystérieux.

Curieusement, il avait des sauts d'humeur et cela le troublait. Trop de pensées encombrantes, trop d'évènements soudains... Il espérait pouvoir retrouver le calme en Lorien mais si l'on appelait le capitaine Antar au front de Dol Guldur, ce calme auquel il aspirait serait reporté et trop d'émotions pourrait le faire perdre la raison. Il fallait qu'il trouve un moyen d'échapper à tous cela...

Kentarione était assise dans le "salon" de sa demeure. Krome saisir une chaise et la poussa devant la jeune femme. En s'asseyant, il lui demanda:

-Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant? J'avais l'intention de partir pour Rivendell, aller rencontrer Elrond de Fondcombes, mais si tu as une autre idée, je suis preneur...

"Voir Elrond ? Bah, si tu y tiens vraiment, mais on ne va pas beaucoup s'amuser, à mon avis...", déclara Kentarione en faisait la moue.

En tant que pirate, elle aimait surtout les bonnes bagarres, pas les longs voyages ennuyeux, pour rencontre des Elfes, qui plus est ! Elle avait eu sa dose, d'ailleurs, d'oreilles pointues. Ils n'étaient vraiment pas amusants du tout... bien trop sérieux à son goût ! Ce n'était pas le genre de personnes à se saouler dans une taverne et à rire jusqu'à pas d'heure, comme elle adorait le faire avec des amis.

"J'ai une autre idée. Et si nous faisions un long voyage, affrontions plein de dangers ? J'aimerais retourner chez moi, en Umbar, pendant quelques temps. Enfin, chez moi, c'est beaucoup dire... La dernière visite a été assez... sanglante. Mais j'ai des amis pirates que j'aimerais revoir, et pourquoi pas recommencer à sillonner les mers ? Qu'en dis-tu ? Moi, je cherche l'aventure, pas les rencontres avec les Elfes !"

En effet, la dernière fois qu'ils s'étaient trouvés en Umbar, Shinra avait tué le reste de sa famille. Peu réjouissant. Kentarione n'en gardait pas un très bon souvenir, bien qu'elle ne se soit pas vraiment attachée à ses parents.
Ses projets étaient fort différents de ceux de Krome, et elle craignit qu'il n'accepte pas.

- Très bien, si tu souhaites faire ce voyage avec moi, je suis d'accord. Mais si tu veux l'entreprendre seule, je comprendrai. La décision te revient.

Il se leva et se dirigea veres une armoire en bois ouvragée avec toute la finesse des elfes. Il tourna lentement la clé et l'ouvrit. A l'intérieur, plusieurs armes barbares qu'il avait fait forger en secret étaient enveloppées par des linges noirs. Du bout des doigts, il en découvrit une: un magnifique sabre haradrim fabriqué sous son regard pour que tout les détails les plus fins y soit. Sur le pommeau, l'emblême d'Umbar avait été tracé. Si il l'avait réalisé sous les yeux des habitants de Caras Galadhron, il l'aurait certainement été chassé pour avoir les armoiries du sud.

Il était d'une légèreté incroyable et abordait une couleur blanche-grise matte.

- En tout cas, tu emporteras ceci avec toi. C'est la "plume d'Alra", la lame la plus légère et la plus résistante que j'ai pu faire forger. Considères cela comme un présent pour m'avoir aider à libérer mon frère, et pour ne pas m'avoir traité comme un monstre.

Il prit l'arme par la lame et la tendit vers elle, attendant qu'elle la saisisse.
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Kentarione accepta ce présent singulier avec joie et respect. Un large sourire au lèvres, elle examina l'arme attentivement. Sa légèrement la surpris beaucoup. D'une main experte, la jeune femme dégaina l'arme, la soupesa et la fit tournoyer dans les airs. Après quelques mouvements, elle rengaina le sabre et donna son verdict.

"C'est une bonne lame. Celui qui l'a forgée est très doué. Sa valeur doit être très importante. Je te remercie, Krome, je suis honorée d'un tel présent. Mais est-ce que je le mérite vraiment ? Je suppose que tu le penses, si tu m'offres ce sabre, cependant... qu'ai-je fait de si spécial ? J'ai sauvé ton frère, en effet, mais maintenant que j'y pense, ça me semble normal d'aider un ami qui me le demande. C'est étrange, je n'aurais jamais pensé ainsi, avant, pas si je doutais d'être récompensée. Enfin soit..."

Tenant toujours l'arme en main, Kentarione s'approcha de son ami, l'air soudain extrêmement sérieux. Elle avait perdu son sourire amusé et malicieux qui la quittait rarement. Regardant Krome droit dans les yeux, elle déclara, non sans émotion :

"Tu me remercies de ne pas t'avoir traité comme un monstre ? Moi, une pirate sans scrupule, rejetée par sa famille ? Moi, dont la sœur a commis inceste et parricide ? Et je te verrais comme un monstre ? Mais enfin, comment le pourrais-je ? De quel droit ? Tu es bien meilleur que ce que tu crois, Krome. J'ai confiance en toi...
Même si je pense que je ne le mérite pas, j'accepte ton présent, il en va de ton honneur et du mien. Oui, je sais, ça ne me ressemble pas d'agir poliment, si de faire de si beaux discours... Je prendrai soins de cette "Plume d'Alra", fais moi confiance. Tu sais quoi ? Je suis contente que tu acceptes de voyager avec moi."

Le visage illuminé par un grand sourire, Kentarione saisit le bras de son ami et lui donna une accolade chaleureuse et fort masculine. Les choses seraient bien différentes à présent. Mais elle n'avait pas peur : elle n'était plus seule. Et peut-être ne le serait-elle plus jamais.

- Mon frère... mon frère et moi avons fais certainement plus de morts que la guerre. Et pas que des hommes... des femmes, des jeunes filles, des princes incapable de tenir un glaive correctement. Nous avons égorgé femmes et enfants, malades mentaux, vieillards. Je me souviens d'avoir assassiné un vieux tisserand qui avait offert une cape de mauvaise qualité à Suladan alors qu'il l'avait fait avec tout son coeur pour l'homme qu'il admirait... Il m'a envoyé dans les rues pour le surprendre et l'éventrer. Nous vivions dans un taudis à coté du bordel de Pazgar avec Lara et Kyros. L'or s'accumulait dans un coin de la maison, de l'or souillé par le sang... Nous aurions pu vivre comme des rois, mais nous savions que cetr argent était corrompu...

Il s'arreta là, n'ayant plus envie d'évoquer son passé, son passé si sanglant et brutal. Il préfèra tenter de sourire à Kentarione lorsqu'elle lui saisit le bras. Ce toucher le rassura quelque peu. Il leva les yeux vers elle, pour contempler son visage si gai.

- Et bien c'est parti. Nous partons à nouveau vers le sud.

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