Pendaison? (Shinra ou Kent attendue )

Quelques fumées de cheminées se dressaient au loin, le regard de Krome était fixé dessus. Sur son cheval, il observait le village d'ou émanait cette pollution. Il devait être midi et les paysans devaient commencé à préparer le peu de nourriture qu'ils avaient dans cette région déserte. Déjà le désert commençait à se faire sentir, le vent était sec, le sol aussi et la végétation disparaissait au fur et à mesure que les trois voyageurs avançaient. Krome s'était déjà préparé à pénétrer dans ce territoire hostile. Un voile cachait sa bouche et sa capuche le reste de sa tête. Une main sur les rennes et l'autre sur le sabre, il scrutait l'horizon, comme s'il s'attendait à se qu'on lui saute à la gorge. Pourtant il n'y avait personne... seulement les lézards gris qui fuiaient sous les sabots de son pur-sang.

Mais soudain, son regard fut attiré par un arbre assez grand et mort qui se trouvait non loin d'eux. Deux hommes étaient sur l'arbre, en bas, quatre soldats gondoriens: ce que Krome détestait le plus. Il ralentit.

- Regardez, qu'est-ce qui se passe la-bas ?

Ils avaient voyagé plusieurs jours et devaient prendre un bâteau aux fiefs du Gondor pour ensuite se rendre au Harad. Kentarione avait arrangé le transfert avec un corsaire qu'elle connaissait et en qui elle avait relativement confiance. Personnellement, Shinra doutait des pirates, mais elle n'avait rien dit : ils n'avaient aucun autre moyen de se rendre en Harad rapidement. De plus, Kentarione semblait assez ennuyée de se retrouver au Gondor et voulait partir. Sa soeur en déduisit qu'il s'était passé quelque chose là-bas. Est-ce que cela avait un rapport avec le jeune captif qu'on lui avait volé ?

Shinra ralentit son cheval pour s'arrêter aux côtés de Krome. Sa soeur en fit de même et les deux jeunes femmes suivirent le regard du capitaine. Quelques soldats s'étaient regroupés non loin. Des Gondoriens. Shinra grogna : ils étaient du même peuple que ceux qui avaient tué son frère. Instinctivement, elle porta la main à son katana. Elle plissa les yeux pour mieux voir. Elle avait un mauvais préssentiment à propose de ça...

"Je ne vois pas très bien, mais cela me semble louche. Je n'aime pas les Gondoriens. Et si nous allions voir de plus près et les embêter un petit peu ? Kentarione, je sais que tu les hais aussi, alors tu n'as rien à dire. Krome, qu'en penses-tu ?"

Les crocs du capitaine sortirent dans un sourir machiavélique. Des gondoriens, si faibles, si facile à tuer, si inconscient du danger qu'ils couraient en étant dans le même lieu que lui, si satisfaisant d'assassiner un ennemi. Krome ne put retenir un rire maléfique.

- J'en dis que tuer des gondoriens était un passe-temps autrefois. On va regarder de quoi il en retourne d'un peu plus près. ça me manque de ne pas couper quelques têtes humaines.

Il fouetta son cheval avec les rennes et se remit en route. Sa jambe commençait à guérir petit à petit, il pouvait se tenir debout s'en avoir mal. Il n'avait aucune fracture, dieu merci. Avant d'avancer, il dégaina son sabre galadhrim. A présent, la scène n'était plus qu'à quelques mètres d'eux et Krome arrivait à distinguer les tenues des hommes sur l'arbre: des tenues corsaires en cuir rouge. Cela pouvait être des connaissances de Kentarione, après tout, elle l'était aussi et ces frères n'apprcierait pas de mourir devant elle.

- Des gens du sud, murmura-t'il. Moi, je dis qu'on les décapite en leur fonçant dedans et qu'on attache leur tête aux branches, reprit-il à haute voix.

Shinra eut un petit rire amusé en entendant la proposition que Krome venait de faire à haute voix. Aussitôt, les soldats gondoriens se retournèrent et les virent. Leur epxression était clairement menaçante. Shinra lança un regard à sa soeur, qui répondit d'un petit signe de la tête. Un sourire mauvais sur le visage, la jeune fille descendit de cheval et pointa son katana vers la gorge du soldat le plus proche.

"Je n'aime pas les Gondoriens... en particulier les Gondoriens qui tuent les gens... Pas de chance !"

Les yeux brillants, elle appuya un peu sur son arme. La lame entra délicatement dans le cou du Gondorien et le transperça. Toujours aussi doucement, la jeune fille la dégagea. Un filet de sang coulait de la gorge de l'homme, mais le katana semblait à peine souillé. Et soudain, elle changea de tactique et éventra d'un coup rapide un autre soldat. Cette fois, le sang lui gicla sur le visage. Shinra passa sa langue sur ses lèvres rouges et le lécha avec un air pervers. Puis elle se tourna vers Krome et Kentarione.

"Les deux suivant sont à vous."

Krome fut ébahi pas le tel plaisir que prenait Shinra à tuer les gens. Le sang l'excitait tout comme... oui, elle aimait tuer aussi... autant que Shinra. Il avança vers un des soldats rapidement et dans une pirouette se retrouva derrière lui. Il lui entailla les rotules rapidement, puis lui attrapa la tête et l'égorgea très lentement, très doucement...

Ensuite il se contenta de tendre la lame à Shinra. Elle est complétement souillée.

- Comment pouvez-vous lécher ce sang si infecte ? ça me dépasse.

Il le rangea dans son étui, sans même nettoyer la lame. Puis se dirigea vers Laï Fen et remonta sur lui en regardant les deux prisonniers horrifié qui regardait Kentarione tuer le dernier gondorien. Il parla en haradrim en espérant qu'il comprenne.

- Eh bande d'idiot, descendez de là et retenez que vous avez sauvé par Krome Antar.

Ils se regardérent. Ce n'était pas la première fois qu'ils entendaient ce nom. Ils devaient le connaitre vu le nombre de missions que Krome avait réalisé.

- Vous êtes... Krome Antar ? LE Krome Antar? Vous êtes un héro ici, tout les pirates digne de ce nom vous connaisse. ça alors, on vous croyait mort depuis longtemps.

Il se tourna sans leur parler et appela les deux soeurs.

Le sang avait un goût délicieux. Shinra haussa les épaules : Krome ne pouvait pas comprendre. Pourtant, il devrait essayer un jour, juste pour savoir ce que cela fait... Evidemment, il n'accepterait jamais de plein gré ; en revanche, si elle parvenait à le forcer ou à lui en faire avaler par ruse...

Elle écouta d'une oreille distraite la conversation avec les deux prisonniers, mais quelque chose attira son attention. Ainsi, Krome était connu. Un héros, quelle drôle d'idée ! Qu'avait-il donc fait ? Et on le croyait mort ? Dommage qu'il ne le soit pas en vrai... Mais elle, était-elle connue ? Elle intervint.

"Et moi, vous me connaissez ? Shinra, la fille monstrueuse d'Aeshdan ? Vous avez sûrement entendu parler de moi... de ce que j'ai fait, non ? Celle dont l'existence même est un pécher..."

Shinra était-elle jalouse de voir Krome se faire questionner ainsi? Il sourit discrètement à cette idée.

-Shinra, du calme, n'importe quel haradrim digne de ce nom aurait fait la même chose que moi. Il n'y a pas de quoi se faire appeler "héro". Venez, la route jusqu'à la côte doit être encore longue.

- En fait, la côte n'est qu'à quelques kilomètres.

Il regarda l'homme avec un regard noir, il le contredisait et l'avait cassé (<- J'avais envie de le dire XD). Il fit signe à ces deux compagnons de le suivre. C'était vrai, quelques mouettes s'agitaient au loin dans le ciel bleu et les vents de la mer se faisaient sentir. Il aurait du la savoir, lui qui aimait tant l'océan autrefois. Etant adolescent, il allait se promener sur les ces bords avec Lara et Kyros, et comme a son habitude, Kyros trouvait un moyen de se blesser ou de se faire remarquer. Il avait du oublier, depuis tant d'années...

Il leva la tête en regardant l'horizon et s'en alla vers le band d'oiseaux.

Cela faisait longtemps que Kentarione n'avait pu vu la mer, ni respiré l'air frais du large. Cela lui manquait. Elle ferma un instant les yeux, se laissa envahir par le bruit des vagues, les cris des mouettes, le claquement des voiles des bâteaux. Ils allaient rester en mer pendant plusieurs jours... quel délice ! Le vent lui fouettait le visage ; ses cheveux semblaient voler autour d'elle. C'était une sensation merveilleuse.

Quelqu'un l'appela et elle sortit de sa rêverie. Evidemment, c'était Shinra. Pourquoi avait-elle parlé ? Certainement pour la contrarier. Sale gamine, un jour tu paieras ça... Et très cher.

Kentarione secoua la tête et se dirigea vers un groupe d'hommes sur les quais. L'un d'eux, apparemment leur chef, la reconnut aussitôt et lui fit un petit signe. La jeune femme lui tendit une bourse d'or et, d'un signe de tête, le corsaire lui dit que tout était réglé. Ensuite, Kentarione revint vers ses compagnons de voyage.

"Nous partirons demain à l'aube. En attendant, nous avons deux chambres dans cette auberge, relativement calme et bien fréquentée - ce qui signifie qu'il ne s'agit pas d'un bordel, Krome. Faites ce que vous voulez, moi je vais me balader."

Elle leur adressa un signe de la tête et partit, l'esprit léger, heureuse d'être débarrassée de deux éléments encombrants.

Jusqu'à l'aube? Cela lui semblait si long... tant d'heures à attendre. Sur le quai, il respira profondément, et fixa la mer. Parfois, il lui arrivait de se demander ce qu'il y a vait au dela de ces eaux azurs. Il imaginait les rivages lointain et inconnu comme un territoire paisible, sans ennui ou aucune race n'avait encore posé les pieds. Il sourit à cette idée puis se retourna. Le soleil se couchait mais cela ne semblait pas toucher Krome, il redevenait peu à peu un nocturne, un spectre dans la nuit, ombre parmi les ombres...

Kentarione s'en alla vers la plage, Shinra resta à coté du capitaine s'en rien dire mais très vite le silence devint lourd, trop lourd et il fallait y remédier. Krome était mal à l'aise avec toute cette tension.

- Bon vous au moins vous resterez avec moi ce soir ou vous comptez aller vous balader aussi ?

Il la mena jûsqu'à l'auberge dont Kentarione avait parlé. IL n'avait pas osé s'aventurer dans le reste de cette ville inconnu. Il préfèra directement aller à leur point de repos. Il poussa la porte, la salle était bondée.

- En effet, c'est plutot chic comme endroit, presque snob.

L'auberge était relativement jolie, il fallait bien l'avouer. Shinra et Krome s'assirent à une table et commandèrent un bon repas chaud - cela leur manquait après leur longue chevauchée dans la nature à manger de la viande sèche et du pain. L'ambiance était agréable et ils se mirent à se faire la conversation, comme deux amis. Pourtant, ils ne se connaissaient que depuis quelques semaines et ne s'aimaient pas vraiment, il fallait bien le dire. Shinra ne se sentait en plus pas particulièrement proche de son compagnon de voyage, à part pour une chose : son étrange ressemblance avec Valiendo.

Après leur repas, ils restèrent encore quelques temps à table à bavarder. Kentarione ne les rejoignit pas. Apparemment, elle allait passer la nuit dehors ou rentrer très tard. Cela arrangeait bien Shinra. Mais pour que sa soirée soit parfaite, il aurait fallu que Krome s'en aille lui aussi. Ce qui serait un peu moins aisé... Tentant quand même le coup, elle commença à le chercher avec des piques parfois très vicieuses. La discussion eut vite fait de dégénérer. Shinra prit un grand plaisir à taquiner ainsi son compagnon de voyage : elle avait vraiment besoin de se défouler.

Ils se levèrent et continuèrent de se disputer encore dans le couloir et dans les étages, réveillant certains locateurs.[/code]

"C'est pas moi, c'est ce petit con ! Ne vous inquiétez pas je vais le séquestrer et l'assommer pour que vous ayez la paix ! cria Shinra, excitée par la tournure que les événements prenaient.

Elle le tira par le bras et l'emmena dans la chambre qu'on leur avait louée. Et la, la dispute continua encore. Krome était furieux de s'être fait traité de petit con, mais Shinra tenait à sa suprématie. Elle voulut le frapper, mais il anticipa son coup et la balaya. La jeune fille s'écroula. Krome bondit pour la rattrapper avant qu'elle ne touche le sol. C'est alors qu'elle poussa un hurlement.

"Non mais ça va pas, pervers ? Tu arrêtes de me pincer les seins oui ?"

Elle cria violemment lorsqu'il essaya de la rattraper. Un mauvais mouvement et il se retrouva à lui peloter la poitrine. Dès que Shinra hurla, il la lacha sur le sol et lui arracha son sabre de la ceinture. Il leva le bras quand elle voulut le récupérer mais Shinra lui assénit un coup dans le ventre. Il se recroquevilla et elle eut juste le temps de le prendre. Il n'avait plus que le fourreau dans la main. Il le jeta sur par terre. "Mer**, elle va me tuer si ça continue."

Il dégaina aussi, prêt à parer une quelquonque attaque de la jeune fille. Mais un détail avait attiré le regard de Shinra: le sang coagulé du soldat gondorien. Oui, elle se remémora cette couleur si vive, si attrayante pour elle. Un coup partit de Shinra, qui faillit trancher le bras de Krome mais il eut le temps d'esquiver et couper le vetement de Shinra. Le tissu pendait et on voyait sa peau blanche luire à la mumière de la lune qui traversait la fenetre. Il la fixait de ses yeux verts, ses crocs sortaient de sa bouche. On aurait dit un animal.

- Allez viens, je t'attends.

Du sang. Il y avait du sang. Shinra sentit son coeur battre dans sa poitrine. Il était certes coagulé, mais l'odeur toujours présente... et si excitante. Son souffle s'accéléra. Une lueur bestiale, semblable à celle de Krome, vint enflammer son regard. Elle baissa les yeux vers sa tunique déchirée et l'épée que Krome tenait en main. Tu m'as cherchée, tu vas me trouver... Elle dégaina son katana et l'attaqua. Les deux lames s'entrechoquèrent, la lumière de la lune se relfétant sur elles et lançant des étincelles blanches. La scène avait quelque chose d'irréel, de magique. Shinra se sentait.. bizarre. Le sang et le combat l'avaient excitée, oui, mais il y avait autre chose. Mais elle ne comprenait pas quoi.

Saisie d'une soudaine bouffée d'adranaline, Shinra frappa plus fort et l'épée de Krome s'envola. Elle bondit alors sur lui et l'envoya à terre avec violence. Fière de sa victoire, elle lui grimpa dessus et approcha son visage du sien.

"Alors, c'est qui la dominante ici ?"

C'était très agréable de se savoir plus puissante que quelqu'un, surtout que lui. Shinra frémit de délice. Elle avait une étrange sensation dans le ventre, près de ses reins. Puis, sans savoir exactement pourquoi, elle se pencha encore plus vers Krome et l'embrassa. Sa langue se glissa entre ses lèvres ensanglantées, qu'elle mordilla, sadique. Elle était dans un état second. Elle se saisit de son katana et s'en servit pour déchirer à son tour la tunique d son compagnon. Au passage, elle le piqua avec le bout de la lame tranchante. Tu es à moi...

La respiration de Krome accélèrait. Assise sur lui, Shinra lui arracha son vetement comme une bete déchicterait un morceau de chair. Un filet de sang dessina sur son torse et ses abdominaux une ligne droite, allant juste un peu plus bas. Il posa sa main sur la hanche de Shinra et avec l'autre déchira ce qui restait de son haut. Sa peau était lisse, sans aucun défaut et aussi brillante et blanche que la lune argentée.

Krome laissa glisser sa main jusqu'au coup de Shinra, haletante, il pouvait sentir son coeur battre aussi vite que le sien. Son sang semblait bouillir à l'intérieur de son corps, il avait envie de faire éclaté ça. Il fit encore tombé sa main un peu plus bas, presque sur les fesses de la jeune fille et continua sur sa hanche froide.

Il embrassa à nouveau Shinra, prenant du plaisir à se faire mordre ses lèvres blessées, et , dans un élan de folie, se leva en la portant puis la lança violemment sur le lit qui grinça quand elle atterrit dessus. Il s'empara du sabre qu'elle avait laché en vol. Avec, il découpa ce qui restait des vetements de Shinra et le lança à terre, sous une imposante armoire. Il lui tenait un poignet. C'était un désir que Krome n'avait jamais senti aussi fortement. C'était un désir presque irréel, un désir dont seul les plus fous révait.

Les ongles pointus de Shinra s'enfoncèrent profondément dans la main de Krome qui lui enserrait le poignet. De grosses gouttes de sang en jaillirent. La jeune femme les lécha, tout en mordant les doigts. Elle l'entendit gémir, mais ignorait si c'était de douleur ou de plaisir. Soudain, elle le poussa en pleine poitrine avec une force surhumaine. Krome vola littéralement en arrière et aterrit sur le sol. Il eut à peine le temps de reprendre son souffle que déjà elle était sur lui, toujours aussi violente. Cette fois, ce fut elle qui lui bloqua les bras. Il sembla surpris de sa force. Pourtant, il aurait déjà du s'y être habitué...

Les lèvress de Shinra caressèrent celle de son compagnon, terriblement tentantes, puis se glissèrent dans son cou. Elles embrassèrent, mordirent, le firent frémir, gémir et même souffrir...

Ce n'est qu'en voyant sa main ensanglanté que Krome comprit enfin ce qui attirait Shinra. Cette couleur si pure, si opaque, il voyait enfin... Ce furent ses crocs qui blessèrent Shinra au cou et qui lui permit de goutter au sang de la jeune fille. Une entaille apparut près de son cou, un peu plus bas. Il sentit ses dents transpercer sa peau, qui du blanc passa au rouge, comme la neige après un duel à mort aussi glacial que l'hiver. Cette confrontation l'amusait l'excitait, éveillait tout ces instincts de tueur qu'il avait perdu...

Il réussit à se libérer mais ne cessa point de rencontrer les lèvres de Shinra. Il caressait ses formes, les frolait, les léchait avec envie et sauvagerie. ça devenait bestial... et les deux amants se déchainaient comme jamais coup après coup, baiser après baiser, blessures après blessures... chaque nouvelle plaie les excitaient un peu plus. Les gémissements se faisaient entendre même dans le couloir. Mais pour Krome, il fallait plus, beaucoup plus... ce n'était qu'en gouttant vraiment à son corps qu'il pourrait enfin se calmer.

Il passa à l'acte...

Des rayons de soleil timides se faufilèrent par la fenêtre entrouverte et illuminèrent progressivement la chambre. Elle était dans un état terrible : pas un meuble était encore entier ; les draps, les oreillers et les matelas étaient éventrés. Même le plancher semblait avoir souffert. On pouvait distinguer des taches de sang séché sur le sol. Non loin d'une table à laquelle il manquait deux pieds, gîsaient des armes et ce qui devaient être des lambeaux de vêtements.

Shinra sentit le rayon de soleil sur son épaule. Il était tiède. Elle se réveilla et battit des paupières, encore un peu endormie. Elle regarda autour d'elle et fut surprise de l'état de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Que s'était-il donc passé pour qu'il y ait un tel désordre ? Ses souvenirs étaient un peu embrouillés. Bah, elle s'en souviendrait certainement dans peu de temps. La jeune fille sentit quelque chose de tiède et mou sous elle. Elle baissa les yeux... pour les relever bien vite et les fermer. Ce qu'elle avait vu n'était tout simplement pas possible. Prise d'un doute soudain, elle jeta de nouveau un coup d'oeil sous elle... et grimaça. Tout à coup, ses souvenirs lui revinrent. Cette fois, elle jura haut et fort et bondit en arrière. Ses mains saisirent ce qui restait de ses vêtements et Shinra s'empressa de les mettre. A côté d'elle, Krome commençait à se réveiller.

"Merde merde merde !"

"Oui, c'est le cas de le dire" Fit la voix de Kentarione dans son dos.

Krome se réveilla, les yeux grands ouverts dès qu'il entendit Kentarione. Il tomba du lit en s'agrippant à ce qui restait des draps. Il se roula dedans, gêné, et observa la pièce: elle était complétement ravagé. Il avait mal sur tout son corps. Il regarda ses bras, ses mains, son abdomen: tous entaillé, couvert de bleus et de sang coagulé. Et il n'était pas le seul, Shinra était autant amochée que lui. Il se souvint de la nuit précédente, de ce qu'il avait fait. Dégouté par tous ce sang, il essaya de se nettoyer le plus possible et faillit lacher le drap.

- Oh mon dieu, dit-il en regardant son bras le plus meurtri.

Cette fois, il avait bien plus qu'une cicatrice dans le dos. Il regarda Shinra, comme s'il voulait qu'elle les sorte de ce pétrin, elle seule pourrait convaincre Kentarione, Krome était nouveau et n'avait pas sa confiance totale. Elle le détesterait encore plus après ça. Mais Shinra n'était pas la seule fautive, il devait aussi lui parler, même si elle ne l'écouterait pas, il en était certains.

Curieusement dans cette situation, il ne regrettait pas ce qu'il avait, aussi déplacé que ce soit. Il avait pris du plaisir à ça, il ne pouvait pas le nier. Mais il ne le montra pas et ne laissa apparaitre son sentiment de fierté. Il ne fallait pas.

Bon, tout d'abord, ignorer Kentarione ou la faire sortir de la pièce. Pour cela, Shinra dut pratiquement la jeter dehors au sens propre du terme, puis elle ferma bien vite la porte derrière les plaintes de sa soeur aînée. On entendit certainement ses coups dans tout le couloir - voire dans toute l'auberge.

Shinra fit comme si elle ne les entendait pas et fixa Krome de ses yeux verts, meurtriers comme des poignards. Il avait l'air mal à l'aise, voire un peu honteux. Elle, en revanche, avait une folle envie de meurtre...

"Toi, tu es mort ! Habille-toi et sors immédiatement ! Par la porte ou par la fenêtre."

Comme il ne semblait pas comprendre ce qu'elle lui disait - ou bien était peu disposé à le faire - la jeune fille s'empara de ce qui devait être le pied d'une chaise et s'en servit pour frapper son compagnon un peu partout, l'obligeant à s'enfuir pour ne pas être rué de coups. Le seul ennui, c'est que Kentarione l'attendait de pied ferme dehors.

Il eut juste le temps d'attraper au passage son sabre qui gisait sur le sol et de sortir de la pièce, poursuivi par Shinra. Au moment ou elle le frappa, il tomba dans les escaliers et dégringola jusqu'en bas. Sa soeur ne réagit meme pas et resta les bras croisés, les yeux fermés à coté de la porte de la chambre. Le drap resta sur les marches et il se retrouva tout nu dans la pièce principale de l'établissement. Il se leva péniblement, la main posé sur son dos. Les gens le regardaient d'un air surpris si bien qu'il lacha:

- Qu'est-ce que vous regardez, vous avez jamais vu un homme nu ou quoi?

Puis tournant, les talons, il remonta dans sa chambre mais avant, il fallait passer un obstacle de taille: Kentarione qui se trouvait en haut, juste devant l'escalier. Il ralentit ses pas lourds quand il arriva à son niveau et la fixa. Il serra son sabre, prêt à se défendre d'une quelconque attaque de la jeune femme.

- Vous ne me croirez pas si je vous racontais ce qui s'est passé. Allez-y criez, frappez-moi. Je le mérite.

Il espérait vraiment qu'elle allait le faire, comme ça les choses serait réglé... en partie. ça ne pouvait pas tout arranger mais ce serait un début.

Oh oui, qu'elle avait envie de le frapper ! Il ne méritait que ça. Et comme en plus il le demandait, Kentarione n'allait certainement pas se gêner ! Elle lui envoya un coup de poing dans la figure. Sous le choc, Krome tomba en arrière ; son nez craqua. Elle espéra qu'il était cassé. Puis elle lui jeta le drap sur le corps pour cacher sa nudité.

"Vous êtes un homme mort, Krome Antar... Je ne sais pas ce que vous avez fait à ma soeur pour que ça arrvire, mais je peux vous assurer que vous le regretterez ! Je sais, j'étais contre son histoire avec Valiendo, mais... je sais pas, je le sens mal, voilà. Alors vous allez vous habiller et nous partirons de cette auberge comme si de rien n'était. je vous conseille vivement de vous tenir tranquille par la suite !"

Elle ajouta plus bas quelques insultes très appropriées, puis tourna les talons et descendit attendre dans la salle principale de l'auberge. Juste avant de disparaître, elle le menaça :

"Vous avez cinq minutes. Et touchez encore à ma petite soeur et je vous étripe !"

Pourquoi était-elle si furieuse ? C'était bien, au contraire, si Shinra trouvait quelqu'un d'autre que Valiendo et parvenait à refaire sa vie. Mais pour Kentarione, cette relation avait quelques chose de malsain, bien plus malsain que l'inceste... Mais quoi ?

ça y est, c'était fait et Krome ne put s'empecher de se laisser frapper volontairement. Il se releva lentement, la main sur son nez. Il saignait beaucoup, il plaça un bout du drap dessus pour retenir le liquide qui tombait. Seulement, un mouvement retint l'attention de Kentarione. Il avait léché discrétement son pouce quand la première goutte qui tomba le colora. Les menaces de la fille ne l'intéressait même pas, il se contenta de retourner dans sa chambre pour prendre des vetements encore entiers ainsi que son bagage et descendit en hate sans même regarder les autres voyageurs présent dans les couloirs et au rez-de-chaussée. Mais lorsqu'il allait sortir, le propriétaire le saisit à l'épaule.

- EH qui va payer pour tous ce que vous avez cassé ?

Krome l'amena dans son bureau pour soit disant le dédommager. Mais a peine l'homme avait-il passer la porte que Krome lui enfonça une lame dans la gorge. Il venait d'utiliser un de ces jouets favoris autrefois, sa lame caché dans sa manche. Il s'en alla en prenant soin de fermer la porte pour que personne ne trouve le cadavre. Puis, une fois dehors, il glissa discrétement à Kentarione:

- Il faut qu'on parte et vite. Conduisez-nous à votre bateau.

Shinra descendit à son tour peu de temps après Krome. Celui-ci s'éloigna rapidement de Kentarione ; cela parut un peu suspect. La jeune fille haussa les épaules et fit signe à sa soeur de la conduire sur les quais. Elle avait bien dit qu'ils quitteraient le Gondor le matin, alors qu'attendaient-ils ? Si ça se trouve, les corsaires étaient déjà partis.

Les trois compagnons de voyage quittèrent l'auberge d'une humeur maussade ; l'atmosphère était pesante. Heureusement, Kentarione retrouva sans peine les corsaires à qui elle avait parlé la veille et, après leur avoir versé encore un peu d'argent, ils embarquèrent sur un navire relativement petit mais élancé. Shinra alla directement dans sa cabine, laissant les deux aînés discuter ou se disputer.

Il regardait les vagues s'abbatre sur les flans du bateau. Il était appuié sur le bord, la tête posé sur ses bras. Krome s'endoramit presque, il ne s'était pas reposé la nuit et avait besoin d'énergie pour aller libérer Kyros. Mais il ne pensait pas qu'à lui, il pensait à son autre amie, Lara. Ah Lara, si belle, quelle gachi de voir une aussi belle fille à la tête d'un bordel dans un quartier mal famé. Mais c'était la voie qu'elle avait choisie, il ne pouvait rien y faire. A moins que...

Shinra disparut dans sa cabine, s'en dire un seul mot ni même lancer un regard au capitaine. Kentarione était resté sur le pont, à discuter avec les autres matelots à bord. Il se tourna pour la regarder puis orienta à nouveau son regard vers la mer.

Le voyage fut long, trop long mais la tension avait un peu disparu. Un peu... elles étaient encore en colère contre lui, c'était normal pour Kentarione mais Shinra... elle l'avait entrainé la dedans et maintenant toute la faute était sur lui. Ils acostèrent dans un grand port, le port de la ville natale de Krome, Avero. Il n'en crut pas ses yeux lorsqu'il regarda la plage. Elle était toujours aussi belle, le sable toujours aussi blanc. Mais un autre détail retint son attention. une femme se tenait face à l'eau, une femme qu'il connaissait bien, très bien. Elle était brune, élégante, elle ne portait qu'un linge à sa taille, sa peau était légèrement bronzé. C'était certains, c'était elle. A peine pouvait-il sortir du bateau qu'il commença à courir vers elle, aussi vite qu'il put.

Il arriva devant elle et tout de suite leur regard se fixèrent l'un sur l'autre.

- Lara.

- Krome.

Dans un élan de folie, il la prit dans ses bras.

Comme cela faisait du bien d'être à nouveau en mer ! Kentarione en oublia presque tous ses tracas. Le vent lui fouettant le visage, le bruit des vagues s'écrasant contre les flancs du navires, et Shinra qui avait un mal de mer carabiné... La jeune femme éclatait de rire en voyant sa soeur, le visage verdâtre, accrochée au bastingage comme si sa vie en dépendait, penchée vers la mer et vômissant son repas. La voir ainsi lui procurait des sentiments très mitigés : d'un côté, Kentarione était ravie de savoir que sa soeur avait des faiblesses ; mais d'un autre, cela lui faisait un peu pitié.

Krome, malheureusement, semblait parfaitement à l'aise en mer. Kentarione aurait bien aimé qu'il soit malade lui aussi - et Shinra semblait le désirer encore plus - mais hélas, ce ne fut pas le cas.

Le voyage fut beaucoup trop court au goût de la jeune pirate, mais sa mélancolie fut vite oubliée lorsqu'elle aperçut les plages familières du Harad. Poussant des cris de joies, Kentarione prit sa soeur par les épaules et l'entraîna vers la terre ferme. Shinra en fut si soulagée qu'elle eut presque envie d'embrasser le sable sous ses pieds - mais sa son ventre était sens dessus-dessous, son égo, lui restait à sa place. Les deux filles rejoignirent ensuite Krome qui semblait avoir rencontré une des ses connaissances - d'ailleurs, vu la manière dont il la tenait, ils devaient être très proches. Kentarione se racla la gorge pour signaler sa présence.

Qui osait gacher ces retrouvailles avec Lara? Il lança un bref regard derrière lui alors qu'il la serrait dans ses bras. Kentarione et Shinra étaient là, les bras croisés en train de le regarder bizarrement. Il la lacha mais retint sa main. Autrefois, il se donnait tout le temps la main, ou qu'ils allaient. Ils étaient de très bons amis, très proches depuis leur plus tendre enfance. Elle pleurait de l'avoir revu, d'émotion et Krome aussi avait laché une petite larme qui parcourut sa joue pâle. Il la balaya avec un de ses doigts.

- Au fait Lara, voici Shinra et...

- Kentarione, oui, j'ai entendu parler d'elle. Elle est célèbre parmi les corsaires. Leur description était assez ressemblante.

Il prit un air sérieux avant de continuer à lui parler.

- Lara, est-ce que tu sais ou est Kyros ? On a l'intention d'aller le libérer.

- Krome tu viens d'arriver, je n' t'ai pas vu pendant au moins 3 ans. Tu aurais pu me dire que tu allais partir.

- Je n'en ai pas eu l'occasion. Ils m'ont banni Lara...

- Je sais... tout le monde parlait de ça au marché, aujourd'hui encore certains prétendent que tu hates ces rues. Kyros est dans les cachots du palais. Il est vivant, je lui ai apporté de l'eau hier.

Une lueur scintilla dans l'oeil du capitaine.

- Toujours aussi excité ?

- Oui, et le fait d'être enfermé le rend encore plus fou. Je peux vous conduire à lui.

Krome et Lara marchaient devant, sans se soucier des deux autres jeunes femmes qui étaient restés en arrière. Ils riaient ensemble. depuis leur rencontre, Shinra et Kentarione ne l'avaient jamais vu aussi heureux, aussi gai. Personne dans les rues ne faisait attention à lui, personne ne le reconnaissait. Il était ce qu'il avait toujours été, une ombre hantant les ruelles pavés et sombres.

Ils arrivèrent devant un batiment fait de calcaires blancs, un monument colossale. Le groupe n'entra cependant pas par la porte principale mais par un petit passage ou des escaliers lugubres descendaient dans des sous-sols. Des torches éclairaient l'endroit. On entendait quelques gouttes tomber sur le sol. Au bout d'un couloir se trouvait un homme attaché par les poings et les chevilles.

- C'est lui.

On aurait dit qu'il dormait. Sa tête penchait en avant et se cheveux cachaient son visage. Krome s'avança vers lui et approcha son visage du sien.

- Kyros ?

- AHAHAH !!!

Les trois compagnons firent un bond en arrière dès qu'il cria au nez de son frère. Krome se tenait le coeur.

- Ah j'avais oublié qu'il faisait ces blagues stupides.

- AH j'y crois pas Krome qu'est-ce que tu fais là ordure ? éhéh. Eh, detaches-moi ça a commencé à me ronger les poignets et les chevilles.

Il regarda autour de lui. Plusieurs gardes étaient présents dans la pièce.