Prisonnier !

Frodon se réveilla, et ouvrit les yeux. Quelques-uns des fils gluants des toiles d'Arachne lui obstruaient son champ de vision, aussi cligna-t-il deux fois les paupières avant de parvenir à détailler l'endroit où il se trouvait.

Il était dans une pièce sombre, vaguement éclairée d'une lueur rougeoyante au plafond. Il était étendu sur le sol pierreux de la tour. La tête toujours immobile, le semi-homme faisait face à l'un des murs de la pièce, dans le quel une grossière meutrière avait été ouverte : redressant un peu la tête, Frodon aperçut de grises et sinistres montagnes par la mince fente dans la roche. Soudainement inquiet, le hobbit s'agita mollement pour se lever.

C'est alors seulement qu'il s'aperçut de sa situation : il ne portait plus aucun vêtement, excepté un pagne noir de tissu sale dont on l'avait vêtu. Ses poignets, posés en croix devant sa poitrine, avaient été liés grossièrement à l'aide d'une corde noircie. Maladroitement, le semi-homme commença à tirer sur ses liens, puis, s'apercevant que cela ne servait à rien, tenta une autre approche : allongeant les deux bras devant lui, Frodon tenta à plusieurs reprises de faire sortir sa main droite du noeud. Sans succès.

Frissonnant, haletant, le hobbit baissa subitement les eux vers son torse, craignant d'avance ce qu'il allait y voir. Ou plutôt ce qui y manquerait : l'Anneau n'était plus à son cou. C'est alors qu'une vois depuis peu familière s'éleva derrière lui, teintée d'ironie :

"C'est cela que tu cherches ?"

Angoissé, Frodon se retourna tant bien que mal, tiraillant toujours sur les liens qui lui enserraient les poignets. Noldoroth était là, debout dans un coin de la pièce nue. A ses pieds, près d'une trappe, étaient entassés en un tas informe les vêtements du semi-homme, la cotte de mithril sur le dessus. Et, dans sa main, l'elfe tenait une chaînette dorée, au bout de laquelle pendait l'Anneau Unique. A sa vue, Frodon se figea, une multitude de pensées s'imposant à son esprit : l'Ennemi allait reprendre l'Anneau, tout était perdu, il devait retrouver son Précieux...

L'elfe déchu s'avança jusqu'à lui de la démarche assurée de celui qui vient de gagner la guerre et qui s'en va encore tourmenter son prisonnier pour savourer sa victoire.

"Bienvenue à Cirith Ungol." lui souffla-t-il au visage, un rictus narquois s'étirant sur ses lèvres.

Entendre son geôlier le narguer ainsi, alors que l'Anneau pendait à quelques dizaines de centimètres de son visage fut trop pour Frodon. Submergé par sa volonté de reprendre ce qui était sien, il se démena comme jamais auparavant, se débattant sous le nez de Noldoroth pour briser ses liens. Le manque flagrant de succès de ses tentatives attira le rire moqueur de l'elfe, alors que le semi-homme, luttant pour se libérer, criait sa colère :

"Rendez-le moi !"

Noldoroth laissa tomber l'anneau a quelques pas de Frodon. Le hobbit s'y avança et posa la main sur l'anneau, mais Noldoroth lui écrasa les doigts ce qui déclencha de la part du semi-homme un cris de douleur. Noldoroth ricana. Il reprit l'anneau et se rassis non-loin de son captif.

- Tu n'as pas encore saisis le principe de la propriété. Cet anneau n'est pas a moi, ni a toi. Il n'appartient qu'a celui qui sais en faire usage. Toi et ton oncle, n'en avez usé qu'à vos propre fins. Mon maitre, c'est pour la prospérité de son royaume qui sera bientôt toute la terre du milieu. La guerre cessera dans quelques années si mon maitre acquiert ce puissant artefact et la paix régnera de nouveau. Il ne faut juste pas que ces orques de morgul et ces Uruk-aï ne se chamaillent. Je crois qu'il y a plus de morts ici qu'en Ithilien.

Un bruit se fit entendre et Ulrad arriva au seuil de la porte. Ce loup, originaire des contrées du nord tel le royaume d' Angmar était puissant. Il était différent de la dernière fois que Noldoroth l'avait vu. Il portait une petite armure de métal. Son œil gauche était marqué par une cicatrice et il était plus grand.

*Noldoroth, ne me dit pas que tu maltraite cet hobbit. Ils nous ont beaucoup aidé par le passé tu sais bien ?

*Je sais Ulradh, mais il nous faut nous habituer au méthodes de ces orques pour q'ils nous respectes.

Il s'approcha de l'animal et lui caressa le dos.

*Quand remonte la dernière fois que tu est allé à l'eau. Ton poil est couvert de sang et de crasse.

Le loup regarda Frodon et s'en approcha il sentit son odeur.

- Il ne te fera aucun mal, ils connait ta race et ton oncle...

Frodon regarda avec appréhension le loup approcher. Ses doigts le faisaient souffrir, il se sentait seul, abandonné de tous. A la réflexion, il avait sûrement raison de penser ceci : avait-il une preuve du contraire ? Le semi-homme recula tant bien que mal alors que le loup approchait, jusqu'à se trouver le dos contre le mur. Là, haletant, il observa la bête se rapprocher de lui, et préféra fixer le mur derrière Noldoroth plutôt que de le regarder dans les yeux lorsqu'il fut proche. Il sentit plus qu'il ne vit le museau du loup de Noldoroth se poser contre son torse, et renifler attentivement son odeur...

Haletant, mais n'osant presque plus respirer, Frodon tenta de s'éloigner doucement, mais Noldoroth contrôlait tout, et son loup le suivit, une lueur brillant dans ses yeux gris. Le semi-homme se déplaça encore de quelques centimètres vers la droite, plus loin du mur, pour s'éloigner de la bête de l'elfe, mais, quelques instants plus tard, il se raidit en sentant une fourrure raiche mais abondante caresser la peau de son dos : le loup était très près... trop près. Voyant alors la bête commencer à lui tourner autour en le frôlant de son pelage, Frodon commença à paniquer : ce loup jouait avec lui ! Il surprit une lueur d'amusement dans les yeux de Noldoroth, et continua d'observer son loup d'un oeil réticent, angoissé à l'idée qu'il puisse l'attaquer... De toutes manières, à la simple idée que le loup se joue de lui, et se délecte de sa peur, Frodon était terrifié, mais tentant en vain de ne pas le montrer à son tortionnaire elfique...

Une voix mielleuse et assurée retentit alors dans la pièce :

"N'allez surtout pas... abîmer si admirable monnaie d'échange, Noldoroth de Mordor..."

Grima Langue-de-Serpent émergea alors de l'ombre non loin de l'elfe, et, un sourire calculateur sur le visage, murmura :

"Voilà qui va considérablement... améliorer... mes plans..."

Une moue appréciatrice passa rapidement sur son visage, alors qu'il inspectait la pièce, s'arrêtant quelques instants sur le loup de Noldoroth, puis sur les affaires du hobbit, entassées dans un coin de la pièce. S'en approchant, Grima saisit la cotte de mithril, tâtant sa consistance du bout des doigts, avant de refermer son poing dessus :

"Je crois que je vais prendre possession de ces prises de guerre... J'en ai besoin, de même que de lui, pour les plans que je projette..."

Se retournant vers Noldoroth, Grima le regarda dans les yeux, et sa voix se fit plus insistante :

"Votre tâche consiste à amener l'Anneau au Seigneur des Anneaux... Accomplissez-là, moi, j'accomplirais la mienne..."

Se penchant, l'ancien conseiller de Rohan ramassa les vêtements du semi-homme dans leur totalité, puis, se tournant vers la porte, murmura :

"Govik, emmène-le."

L' elfe assez impressionnant par son passé combattant qui se tenait à l' entrée, ses 2 épées visibles au dessus de sa robe de moine, alla chercher Froddon et l' emmena en faisant fi de sa résistance, comme si il n' était qu' une statue précieuse.
"Comme vous voudrez, mon maître."
Il ne devait pas abîmer ce qui était utile à son maître, aussi fit-il attention à ne pas faire mal au hobbit, en l' emmenant dehors...

Frodon se débattit tant bien que mal contre la poigne de l'elfe déchu, mais ses liens l'empêchaient d'offrir une résistance plus que symbolique. Govik le releva, et, le soulevant presque, commença à l'emmener au-dehors de la pièce, sans paraître gêné outre-mesure par les faibles tentatives du semi-homme pour lui échapper. Frodon gémit, et tirailla de nouveau les cordes qui enserraient ses poignets, mais les bras de l'elfe l'entourèrent au niveau des épaules, et il lui saisit les poignets afin qu'il cesse de bouger intempestivement...
Alors que Govik lui faisait descendre l'échelle à la suite de Grima, le hobbit cessa de se démener en vain : l'elfe le maintenait trop bien, et trop facilement, pour qu'il arrive à lui échapper.

Réprimant un sanglot, Frodon cessa aors tout mouvement, et se laissa pousser par le sinistre serviteur de Langue-de-Serpent vers les écuries : là, une compagnie d'une cinquantaine d'hommes attendaient, à cheval, les ordres de Grima. Celui-ci monta en selle, mettant les affaires de Frodon dans ses fontes de selle, et faisant un signe englobant à Govik. Celui-ci, hochant la tête, souleva le hobbit, et le déposa sur une selle. Puis, enfourchant à son tour la monture, l'elfe saisit les rênes, et, comme venait de lui ordonner son maître, referma ses bras autour du semi-homme captif, le protégeant ainsi de ses longues manches sombres...

Alors que la compagnie se mettait en marche, Frodon se demanda où on l'emmenait, avant de tomber dans un sommeil profond...